Albert Ramdin, le nouveau secrétaire général de l’Organisation des États Américains, frappe fort dès sa prise de fonction. Son message est clair : Haïti ne sera plus oubliée. Au contraire, la Perle des Antilles devient la priorité numéro un de son mandat, avec un plan d’action ambitieux pour sortir le pays de la crise.
Quand un homme prend les rênes d’une organisation qui représente 35 pays des Amériques et place immédiatement Haïti au sommet de ses priorités, cela ne passe pas inaperçu. C’est exactement ce qu’a fait Albert Ramdin, le diplomate surinamien qui vient de succéder à Luis Almagro à la tête de l’OEA.
Dès son discours d’investiture le 26 mai dernier, Ramdin a envoyé un signal fort à tous les Haïtiens, ici et dans la diaspora : « Vous n’êtes pas seuls, nous sommes avec vous. »
Un constat sans détour sur la réalité haïtienne
Ramdin n’y va pas par quatre chemins. Dans son premier discours officiel, il dresse un portrait sans fard de la situation : « Nulle part sur le continent la démocratie, l’État de droit, la sécurité, les droits de l’homme et le développement ne sont plus menacés qu’en Haïti. »
Cette déclaration, aussi dure soit-elle, reflète une prise de conscience que beaucoup d’Haïtiens attendaient depuis longtemps de la part de la communauté internationale. Enfin, un dirigeant régional qui appelle un chat un chat et reconnaît publiquement l’ampleur de la crise haïtienne.
Pour nous qui suivons l’actualité haïtienne jour après jour, ces mots résonnent comme une validation de nos préoccupations. Ramdin comprend que Haïti n’est pas juste « un pays en difficulté » mais bien une nation en situation d’urgence absolue.
Un plan d’action concret, pas que de belles paroles
Ce qui distingue Ramdin de ses prédécesseurs, c’est qu’il ne se contente pas de compatir. Il propose des solutions concrètes :
Renforcement sécuritaire : Une feuille de route spécifiquement dédiée aux défis sécuritaires d’Haïti, avec un soutien renforcé aux forces de l’ordre et aux initiatives de paix.
Réformes de gouvernance : Un accompagnement direct des réformes institutionnelles indispensables pour reconstruire l’État haïtien sur des bases solides.
Partenariat avec la CARICOM : Une collaboration renforcée avec nos voisins caribéens pour créer un cadre politique favorisant la transparence et le dialogue entre tous les acteurs haïtiens.
Le retour du « Groupe des amis d’Haïti »
Ramdin annonce aussi la relance du Groupe des amis d’Haïti, cette plateforme qui avait fait ses preuves par le passé pour coordonner l’aide internationale. Cette fois, elle travaillera en étroite collaboration avec la CARICOM et les Nations Unies.
Pour les Haïtiens de la diaspora qui se battent depuis des années pour attirer l’attention internationale sur la crise de leur pays d’origine, cette annonce représente un espoir réel. Enfin, une coordination qui pourrait éviter le gaspillage des ressources et maximiser l’impact de l’aide.
L’urgence du temps qui presse
Ramdin ne se fait aucune illusion sur les délais. Avec le mandat du Conseil présidentiel de transition qui expire en février prochain, il lance un avertissement : « Nous n’avons pas beaucoup de temps. »
Cette déclaration devrait faire réfléchir tous les acteurs politiques haïtiens. Le nouveau patron de l’OEA leur dit clairement : le temps des atermoiements est révolu. Il faut agir, et vite.
Un message d’espoir pour la diaspora
Pour nous, Haïtiens éparpillés aux quatre coins du monde – que ce soit à New York, Miami, Montréal, Paris ou Port-au-Prince – le discours de Ramdin porte un message d’espoir inédit.
Combien de fois avons-nous eu l’impression que nos dirigeants régionaux parlaient d’Haïti comme d’un dossier parmi d’autres ? Combien de fois avons-nous senti que notre pays était relégué au second plan des priorités internationales ?
Avec Ramdin, c’est différent. Il place Haïti « au cœur » de son mandat. Pas en périphérie, pas dans un coin, mais au centre de tout.
Un pari sur l’avenir
« Ensemble, la région va œuvrer pour établir la stabilité, reconstruire les institutions et encourager les conditions menant à une paix durable et à la prospérité pour les Haïtiens », promet le nouveau secrétaire général.
Ces mots, nous les avons déjà entendus par le passé. Mais cette fois, il y a quelque chose de différent dans le ton, dans l’urgence exprimée, dans la précision des engagements pris.
Ramdin semble comprendre que l’instabilité haïtienne n’est pas qu’un problème haïtien. C’est un défi régional qui mérite une réponse régionale coordonnée et déterminée.
Le test de la crédibilité
Maintenant, place aux actes. Les Haïtiens, réputés pour leur scepticisme face aux promesses politiques, observeront attentivement si Ramdin tient parole.
Mais pour la première fois depuis longtemps, nous avons des raisons d’être optimistes. Un dirigeant international qui comprend notre situation, qui parle de nous avec respect et qui s’engage concrètement à nos côtés.
L’histoire nous dira si Albert Ramdin aura été l’homme de la situation. En attendant, ses premiers pas nous donnent envie d’y croire.
