Dans un pays habitué aux dirigeants distants et inaccessibles, le Premier ministre haïtien cultive un style différent : celui de la proximité et de l’écoute directe. Une approche qui tranche avec les traditions politiques haïtiennes et qui pourrait bien redéfinir les codes du pouvoir.

Dans les rues de Port-au-Prince comme dans les communes les plus reculées, une nouvelle image du pouvoir se dessine. Celle d’un Premier ministre qui serre les mains, écoute les doléances et prend le temps de s’arrêter. Alix Didier Fils-Aimé cultive un style politique qui surprend autant qu’il interpelle dans un paysage haïtien habitué aux élites distantes.

L’héritage d’une tradition familiale

Cette proximité ne sort pas de nulle part. Elle puise ses racines dans l’histoire familiale des Fils-Aimé, notamment celle de Boullon Fils-Aimé, père du Premier ministre actuel, reconnu pour son engagement social et sa proximité avec le peuple. Une tradition que le fils perpétue aujourd’hui, adaptée aux défis contemporains d’Haïti.

« Il connaît les visages, les prénoms, les douleurs du pays », soulignent les observateurs de la scène politique. Cette connaissance intime du terrain, loin des bureaux climatisés de la Primature, se traduit par une approche gouvernementale qui tranche avec les habitudes bureaucratiques.

Une méthode qui fait école

Sur chaque site qu’il visite – école en construction, quartier populaire, centre de santé – le Premier ministre adopte la même méthode : prendre le temps. Pas de visites éclairs ou de shows médiatiques, mais des échanges authentiques avec les citoyens rencontrés. Des accolades spontanées, des notes prises personnellement lors des doléances, des sourires sincères qui marquent les esprits.

Cette approche détonne dans un pays où les responsables politiques sont traditionnellement perçus comme inaccessibles. « Il ne vient pas imposer, il vient comprendre », résument ses collaborateurs, décrivant une philosophie de leadership qui mise sur l’empathie plutôt que sur l’autorité verticale.

Un pari sur la confiance

Dans une Haïti marquée par des décennies de méfiance envers les élites politiques, cette stratégie de proximité représente un pari audacieux. Fils-Aimé semble miser sur la reconstruction du lien social par l’exemple, espérant que sa posture d’écoute contribuera à restaurer la confiance entre l’État et les citoyens.

Les témoignages affluent de toutes parts : petits commerçants, agriculteurs, autorités locales, tous soulignent cette capacité du Premier ministre à créer un climat d’échange, loin des protocoles rigides habituels. Une approche qui pourrait bien redéfinir les codes de la gouvernance haïtienne.

Au-delà de l’image, l’efficacité

Reste à voir si cette proximité affichée se traduira par des résultats concrets sur le terrain. Car au-delà des gestes symboliques, les Haïtiens attendent des solutions aux problèmes structurels qui minent le pays : insécurité, corruption, manque d’infrastructures, chômage massif.

Le défi pour Fils-Aimé sera de transformer cette capital sympathie en réalisations tangibles. Dans un contexte où les attentes sont énormes et les moyens limités, l’écoute seule ne suffira pas. Il faudra prouver que cette proximité peut déboucher sur des changements concrets dans la vie quotidienne des Haïtiens.

En cultivant l’art de l’écoute, Alix Didier Fils-Aimé propose une nouvelle façon de concevoir l’exercice du pouvoir en Haïti. Une approche rafraîchissante qui, si elle s’accompagne de résultats concrets, pourrait bien marquer un tournant dans la relation entre dirigeants et citoyens. Mais dans un pays habitué aux promesses non tenues, seuls les actes finiront par convaincre.

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