Port-au-Prince, 7 février 2025 – L’ancien directeur général de l’Office National d’Assurance-Vieillesse (ONA), Jemley Jean-Baptiste, a été arrêté ce vendredi après son audition par le juge d’instruction Loubens Élysée. Cette décision intervient dans le cadre d’une enquête anticorruption portant sur des détournements de fonds publics, révélés en septembre 2024 par un rapport de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC).

Des malversations financières mises en lumière

Selon les conclusions du rapport de l’ULCC, Jemley Jean-Baptiste aurait abusé de ses fonctions en validant des transactions suspectes au sein de l’ONA. L’enquête révèle qu’il aurait autorisé l’émission de chèques d’un montant total de plus de cinq millions de gourdes à des fournisseurs présentant des pièces justificatives irrégulières, notamment des cartes d’immatriculation fiscale et des patentes expirées.

Les investigations ont également mis en cause Pierre Ricot Odney, ancien ministre des Affaires sociales et du Travail, qui aurait sollicité un financement de 22 millions de gourdes auprès de l’ONA pour couvrir une dette contractée par son ministère. Toutefois, les enquêteurs ont découvert que les entreprises bénéficiaires des fonds n’étaient pas enregistrées dans les bases fiscales officielles, ce qui constitue une violation des règles de passation des marchés publics.

Violation des lois sur la passation des marchés publics

L’ULCC accuse également Pierre Ricot Odney d’avoir contourné la loi du 12 juin 2009 sur les marchés publics en attribuant des contrats à des entreprises non conformes aux critères légaux. En outre, les taxes sur le chiffre d’affaires prélevées par l’ONA n’ont pas été reversées à la Direction Générale des Impôts (DGI), entraînant un manque à gagner de plus de deux millions de gourdes pour l’État haïtien.

Vers des poursuites judiciaires pour corruption

Face à ces irrégularités, la commission d’enquête de l’ULCC recommande des poursuites pénales contre Jemley Jean-Baptiste et Pierre Ricot Odney pour abus de fonction, un délit prévu et puni par l’article 5.5 de la loi du 12 mars 2014 sur la prévention et la répression de la corruption.

L’arrestation de Jemley Jean-Baptiste marque une nouvelle étape dans la lutte contre l’impunité en Haïti, alors que le pays peine à enrayer la corruption systémique qui gangrène ses institutions publiques. Cette affaire rappelle d’autres scandales récents impliquant de hauts responsables et relance le débat sur la nécessité de réformes profondes pour garantir la transparence et la bonne gouvernance.

L’ancien ministre Pierre Ricot Odney, quant à lui, pourrait être convoqué prochainement par la justice pour répondre des accusations portées contre lui. Son implication dans cette affaire soulève des questions sur les responsabilités politiques dans la gestion des fonds publics et la nécessité de renforcer les mécanismes de contrôle au sein de l’État.

L’enquête suit son cours, et les autorités judiciaires haïtiennes sont désormais attendues au tournant pour assurer un procès équitable et exemplaire, dans un contexte où la population réclame plus de justice et de responsabilité de la part des dirigeants.

Partager.
Laisser une réponse

Exit mobile version