Une nouvelle commune haïtienne tombe aux mains des gangs armés. Dimanche 22 juin, les bandits du groupe « Taliban » ont pris le contrôle total de La Chapelle dans l’Artibonite, incendiant le sous-commissariat et plusieurs maisons. Les habitants vivent désormais un véritable cauchemar, pris au piège ou contraints à l’exode.
La Chapelle : nouveau territoire conquis par la terreur
L’offensive était redoutée depuis une semaine. Dimanche, elle est devenue réalité. Les bandits du gang « Taliban » ont lancé leur assaut contre La Chapelle, cette paisible commune de l’arrondissement de Saint-Marc qui rejoint désormais la longue liste des territoires sous contrôle des groupes armés.
« La commune est complètement contrôlée par des bandits armés », a confirmé avec amertume le maire Fonrose Dieuseul Robinson sur les ondes de radio Caraïbes. Pour nos compatriotes de l’Artibonite comme pour ceux de la diaspora qui ont encore de la famille dans cette région agricole, c’est un nouveau coup dur.
Le sous-commissariat, symbole de l’autorité de l’État, a été réduit en cendres. Plusieurs maisons ont également été incendiées par ces criminels qui sèment la terreur méthodiquement. Heureusement, aucune perte en vie humaine n’a été enregistrée pour l’instant, selon le maire.
Un peuple pris en étau
Face à cette attaque, la population de La Chapelle vit un drame familier à tant d’autres communautés haïtiennes. Certains habitants ont réussi à fuir leurs foyers, rejoignant les rangs des déplacés internes qui grossissent chaque jour. D’autres, moins chanceux, n’ont pas eu le temps de s’échapper et se retrouvent cloîtrés chez eux, prisonniers de leur propre commune.
Cette situation rappelle douloureusement celle vécue par nos frères et sœurs de Cité Soleil, de Croix-des-Bouquets ou encore de Pont-Sondé. Pour les familles haïtiennes de New York, Miami ou Montréal qui tentent désespérément de garder le contact avec leurs proches restés au pays, chaque nouvelle conquête territoriale des gangs resserre l’étau de l’angoisse.
La police haïtienne en échec
Une fois de plus, nos forces de l’ordre se retrouvent dépassées par l’ampleur de la menace. Les agents de la PNH présents sur place n’ont pas pu affronter les bandits, faute d’effectifs suffisants. Pire encore, les renforts policiers n’ont même pas pu accéder à la commune, les gangs ayant pris le contrôle de toutes les entrées.
Cette impuissance de nos forces de sécurité illustre tragiquement les limites de nos moyens face à des groupes criminels de mieux en mieux organisés et équipés. Malgré l’aide internationale reçue récemment, notamment les équipements français livrés à la PNH, le défi reste immense.
1,3 million de déplacés : un pays en exode permanent
L’attaque contre La Chapelle s’inscrit dans une spirale de violence qui ne cesse de s’amplifier. Il y a trois mois à peine, les communes de Mirebalais et de Saut-d’Eau subissaient le même sort, provoquant le déplacement de 147 000 personnes.
Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), Haïti compte désormais 1,3 million de déplacés internes. Un chiffre vertigineux qui représente plus de 10% de notre population totale. Pour nos compatriotes de la diaspora qui suivent avec inquiétude cette tragédie, chaque nouvelle attaque de gang fait craindre le pire pour leurs proches.
André Michel dit « non » au dialogue avec les terroristes
La classe politique haïtienne commence à réagir. André Michel, figure de l’Accord du 21 décembre, a fermement condamné ces « actes criminels de la coalition des gangs de Viv Ansanm » qui ont détruit « le sous-commissariat et des institutions scolaires » de La Chapelle.
« Notre position ne changera pas ! Nous ne dialoguons pas avec les gangs terroristes », a martelé cet allié de l’ex-Premier ministre Ariel Henry. Une position de fermeté qui tranche avec les appels au dialogue parfois entendus dans certains milieux politiques.
Chaque jour qui passe voit les gangs armés grignoter un peu plus notre territoire national. La Chapelle rejoint aujourd’hui la longue liste des communes perdues, laissant des milliers d’Haïtiens supplémentaires dans la détresse. Pour notre diaspora qui envoie des milliards de dollars au pays chaque année, cette expansion territoriale des criminels pose une question cruciale : comment continuer à soutenir un pays où l’État perd progressivement tout contrôle ? L’heure n’est plus aux demi-mesures, mais à une mobilisation générale pour sauver ce qui peut encore l’être de notre Haïti bien-aimée.