Téhéran a tenu parole. Au lendemain des bombardements américains contre ses sites nucléaires, l’Iran a riposté lundi soir en tirant des missiles sur la base militaire d’Al-Udeid au Qatar. Bien qu’interceptés sans faire de victimes, ces tirs marquent une escalade dangereuse qui pourrait embraser tout le Moyen-Orient et affecter l’économie mondiale.
Une riposte ciblée mais symbolique
La promesse de « conséquences irréparables » faite par Téhéran ne relevait pas de la rhétorique. Lundi 23 juin au soir, les Gardiens de la Révolution iraniens ont visé la base aérienne d’Al-Udeid au Qatar, véritable joyau du dispositif militaire américain au Moyen-Orient.
Cette base stratégique héberge près de 10 000 soldats américains et plus de 100 appareils militaires, servant de quartier général avancé au CENTCOM (Commandement central américain). C’est de là que les États-Unis ont coordonné leurs opérations en Irak, en Syrie et en Afghanistan. En la ciblant, l’Iran envoie un message clair : aucune installation américaine n’est hors de portée.
Heureusement, les défenses aériennes qataries ont intercepté tous les missiles, évitant le pire. « L’incident n’a fait ni mort, ni blessé », a confirmé le ministère qatari de la Défense, tout en dénonçant cette « violation flagrante » de sa souveraineté.
40 000 soldats américains dans le collimateur
Cette attaque révèle la vulnérabilité de la présence militaire américaine massive au Moyen-Orient. Répartis sur 19 sites dans la région, plus de 40 000 soldats américains sont désormais dans le collimateur iranien. Les Gardiens de la Révolution promettent d’ailleurs des ripostes « qui dépassent l’entendement » et que les « agresseurs doivent s’attendre à des ripostes regrettables ».
D’autres cibles sensibles incluent la base navale de Bahreïn (9 000 personnes) et celle d’al-Dhafra aux Émirats arabes unis, équipée de chasseurs F-22 Raptor ultramodernes. Pour nos compatriotes haïtiens travaillant dans ces pays du Golfe, l’inquiétude grandit face à cette montée des tensions.
La menace du détroit d’Ormuz plane toujours
Au-delà des attaques directes, l’Iran brandit une arme économique redoutable : la fermeture du détroit d’Ormuz. Ce goulet d’étranglement entre le golfe Persique et la mer d’Oman voit transiter plus de 20 millions de barils de pétrole par jour, soit 20% des flux mondiaux.
Le parlement iranien a déjà donné son feu vert pour cette fermeture, mais la décision finale revient au Conseil suprême de sécurité nationale. Emmanuel Macron a mis en garde contre les « conséquences massives » d’une telle mesure sur l’économie mondiale.
Pour Haïti, déjà étranglé par la crise économique et énergétique, une explosion des prix du pétrole serait catastrophique. Nos compatriotes de la diaspora qui envoient des fonds au pays sentent déjà l’impact de l’instabilité économique mondiale sur leurs transferts.
Les alliés iraniens entrent en scène
L’Iran ne compte pas agir seul. Les rebelles houthis du Yémen, fidèles alliés de Téhéran, ont déjà menacé de viser « les navires et bâtiments de guerre américains en mer Rouge » si Washington poursuit son soutien à Israël.
Cette mobilisation de « l’axe de la résistance » iranien inquiète particulièrement les Haïtiens du Liban, où le Hezbollah reste un acteur majeur. Toute escalade régionale pourrait compromettre la stabilité de ce pays où vivent de nombreux membres de notre diaspora.
Des capacités militaires amoindries mais encore dangereuses
Depuis le début des opérations israéliennes le 13 juin, l’Iran a déjà tiré près de 400 missiles et vu une partie de son arsenal détruit. Ses alliés régionaux – Hamas, Hezbollah, Houthis – ont également été affaiblis par les ripostes israéliennes.
Mais cette fragilité pourrait paradoxalement pousser Téhéran à des actions plus désespérées. Comme le rappelle un expert : « L’Iran avait déjà mené des attaques contre des bases américaines en Irak après l’assassinat du général Souleimani en 2020 ». Cette fois, l’enjeu est bien plus grand.
Cette escalade militaire au Moyen-Orient nous concerne tous. Pour Haïti, les répercussions économiques d’un conflit généralisé dans cette région stratégique seraient désastreuses : explosion des prix du carburant, perturbation des échanges commerciaux, difficultés accrues pour notre diaspora. Plus que jamais, nous devons espérer que la raison l’emportera sur la logique de guerre, car dans un monde interconnecté, aucun pays ne peut rester à l’abri des conséquences d’un embrasement au Moyen-Orient.