Jean Frenel Beauvoir prend les commandes de la police départementale de l’Artibonite dans un contexte de violence extrême. Après la mort tragique de trois policiers à Liancourt, les autorités tentent de réorganiser leurs forces pour faire face à l’offensive des gangs.

Le grenier du pays n’en finit plus de saigner. Ce vendredi 25 juillet 2025, le commissaire divisionnaire Jean Frenel Beauvoir a officiellement pris les rênes de la Direction Départementale de la Police de l’Artibonite, remplaçant Caleb Exantus après dix mois à ce poste crucial. Un changement de commandement qui intervient dans un contexte sécuritaire particulièrement dramatique pour cette région stratégique d’Haïti.

Une nomination d’urgence après un massacre

Cette nomination ne doit rien au hasard. Elle fait suite à l’attaque meurtrière de mardi dernier à Liancourt, où trois policiers ont trouvé la mort dans un guet-apens organisé par des gangs armés. L’embuscade, d’une violence inouïe, a coûté la vie à ces agents qui effectuaient une patrouille de routine près du commissariat à bord d’un véhicule blindé.

Le bilan de cette tragédie est lourd : trois morts, un disparu, et un seul survivant qui a eu la chance d’échapper au carnage. Leur véhicule blindé a été incendié par les assaillants, et un informateur a également perdu la vie. Mais au-delà de ces chiffres, c’est l’humiliation subie par ces serviteurs de l’État qui bouleverse : des vidéos virales montrent les corps de deux agents traînés dans les rues par les bandits, une scène d’une barbarie révoltante.

L’Artibonite, nouveau théâtre de guerre des gangs

Pour les familles de l’Artibonite, qu’elles soient restées au pays ou établies dans la diaspora à Boston, New York ou en République Dominicaine, ces images rappellent douloureusement que leur région natale traverse une période sombre. L’Artibonite, traditionnellement connue comme le grenier d’Haïti grâce à ses vastes plaines rizicoles, est devenue un champ de bataille où les forces de l’ordre peinent à maintenir l’autorité de l’État.

Les attaques se multiplient avec une audace croissante. Il y a à peine une semaine, les membres du gang « Kokorat san ras » avaient mis le feu au commissariat de Marchand Dessalines. En juin dernier, c’était au tour du commissariat de Lachapelle de partir en fumée sous les flammes des bandits.

Une institution policière qui promet de répliquer

Face à cette escalade de violence, la Police Nationale d’Haïti (PNH) a promis une réponse ferme. « Devant ces actes crapuleux et barbares, des réponses proportionnelles seront données aux malfrats par l’Institution Policière », a assuré l’institution dans un communiqué officiel.

Lionel Lazarre, porte-parole adjoint de la PNH, a confirmé cette nomination stratégique, soulignant la détermination des autorités à reprendre le contrôle de cette région cruciale pour l’économie nationale.

Un défi de taille pour le nouveau commandant

Le commissaire Jean Frenel Beauvoir hérite d’une situation explosive. Sa mission : redresser une institution policière démoralisée, reconquérir un territoire en partie contrôlé par les gangs, et rassurer une population terrorisée. Un défi colossal dans une région où les forces du mal semblent avoir pris l’ascendant sur celles de l’ordre.

Pour tous les Haïtiens qui gardent un lien affectif avec l’Artibonite, cette nomination représente un espoir fragile mais réel. Reste à savoir si les moyens suivront les ambitions, et si cette terre nourricière pourra retrouver la paix nécessaire à son développement. L’avenir de toute une région, et peut-être du pays tout entier, pourrait bien dépendre du succès de cette mission.

Partager.

Les commentaires sont fermés.

Exit mobile version