Les examens de fin d’études secondaires ont débuté ce lundi 14 juillet avec leur lot d’incidents : retards, erreurs dans les fiches, et même une tentative de fraude dans le Sud-Est. Un aperçu d’un système éducatif sous pression.

Ce lundi 14 juillet 2025 restera gravé dans la mémoire de 109 712 jeunes Haïtiens qui ont entamé leur marathon du baccalauréat. Dans un contexte sécuritaire et économique difficile, ces examens représentent bien plus qu’une simple évaluation académique : ils constituent souvent le dernier espoir d’ascension sociale pour de nombreuses familles.

Un démarrage en demi-teinte dans la capitale

Dans le département de l’Ouest, la journée a globalement bien commencé, mais pas sans accrocs. Au lycée Horatius Laventure, le directeur Dady Charles affiche sa satisfaction : 362 candidats sur 378 étaient présents pour l’épreuve de philosophie à 8h30. « Aucun cas d’irrégularité », se félicite-t-il.

Moins de chance pour les candidats de l’institution Saint-Louis de Gonzague, où les examens ont accusé une heure de retard. Motif : les copies n’étaient pas arrivées à temps. Une situation qui rappelle les défis logistiques auxquels fait face le système éducatif haïtien, où chaque détail peut transformer une journée cruciale en parcours du combattant.

Quand les fiches d’examen sèment la confusion

L’histoire de cette élève du Collège Dominique Savio illustre parfaitement les dysfonctionnements administratifs. Dirigée vers le collège La Pomme selon sa fiche, elle découvre sur place qu’aucun centre d’examen n’y est installé. Direction alors le Centre classique et culturel de Pétion-Ville, après avoir perdu un temps précieux.

Ces erreurs ne sont pas anecdotiques. Pour des jeunes déjà stressés par l’importance de ces examens, devoir courir d’école en école le jour J peut s’avérer déstabilisant. D’autres candidats ont été affectés dans des établissements très éloignés de leur domicile, un problème récurrent qui pénalise particulièrement les familles aux revenus modestes.

Plus préoccupant encore : certains élèves n’ont tout simplement pas reçu leurs fiches d’examen. Ces « oubliés du système » ont été dirigés vers le Lycée national de Pétion-Ville en attendant que le ministère examine leur situation.

Fraude dans le Sud-Est : quand la désespération pousse au crime

Le département du Sud-Est a vécu un épisode particulièrement troublant avec l’arrestation d’un individu tentant de passer l’examen à la place d’un autre candidat. Selon Wilfrid Lauture, directeur départemental de l’Éducation, l’homme aurait été payé 15 000 gourdes par un directeur d’école pour commettre cette fraude.

Cette somme, équivalente à environ 113 dollars américains, peut sembler dérisoire, mais elle représente plusieurs semaines de salaire minimum en Haïti. L’incident révèle la pression énorme qui pèse sur les établissements scolaires pour afficher de bons résultats, quitte à recourir à des pratiques illégales.

Le Sud tire son épingle du jeu

Contraste saisissant avec les autres départements, le Sud affiche un bilan impeccable. Jean Sylvain Désir, directeur départemental, peut se féliciter : « Tout est sous contrôle » pour les 7 863 candidats répartis dans 38 centres.

Ironie du sort, cette région a même bénéficié d’une augmentation du nombre de candidats, certains élèves de la capitale ayant préféré s’y rendre pour fuir l’insécurité de Port-au-Prince. Un phénomène qui témoigne de la situation sécuritaire dégradée dans la métropole.

Les défis d’un système sous pression

Au-delà des anecdotes, ces incidents révèlent les défis structurels du système éducatif haïtien. Comment garantir l’égalité des chances quand certains candidats doivent parcourir des distances considérables pour rejoindre leur centre d’examen ? Comment maintenir l’intégrité des épreuves dans un contexte où la corruption gangrène de nombreux secteurs ?

Pour les familles haïtiennes, en Haïti comme dans la diaspora, ces examens représentent souvent le sésame vers l’université, puis vers une éventuelle émigration. Les enjeux dépassent donc largement le cadre scolaire pour toucher aux aspirations les plus profondes d’une génération.

Vers une nécessaire réforme ?

Ces dysfonctionnements questionnent sur l’urgence d’une réforme du système d’organisation des examens officiels. À l’heure du numérique, les erreurs dans les fiches d’examen et les retards de livraison des copies semblent anachroniques.

Le baccalauréat 2025 se poursuivra dans les prochains jours. Espérons que les leçons de cette première journée permettront d’améliorer l’organisation pour les épreuves à venir. Car derrière chaque candidat, c’est l’avenir d’une famille qui se joue.

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