Port-au-Prince, 25 janvier 2025 – L’Office de la Protection du Citoyen (OPC) a récemment dévoilé un rapport alarmant sur l’état des centres de détention en Haïti, mettant en lumière des violations flagrantes des droits humains et une dégradation dramatique des infrastructures carcérales. Cette enquête, menée entre le 22 et le 25 novembre 2024 par une délégation conduite par le Protecteur du Citoyen, le magistrat Jean Wilner Morin, a mis en exergue une crise humanitaire et judiciaire sans précédent dans plusieurs commissariats et centres de rétention de la région métropolitaine de Port-au-Prince.
Des conditions inhumaines et une surpopulation alarmante
Les constats sont accablants. Au Centre de Rééducation des Mineurs en Conflit avec la Loi (CERMICOL), initialement conçu pour accueillir une quarantaine de mineurs, on dénombrait 381 détenus en novembre 2024. Cette population inclut des femmes, des mineurs, et des détenus adultes transférés après des événements tels que l’évasion massive au Pénitencier National en mars 2024. Les conditions d’hygiène, de sécurité et de dignité humaine y sont gravement compromises, avec des cellules prévues pour dix personnes accueillant parfois jusqu’à soixante-dix détenus.
Les commissariats de Canapé-Vert, Pétion-Ville et Delmas 33 souffrent également d’une surpopulation extrême. Par exemple, au commissariat de Delmas 33, 71 personnes, dont des femmes et des policiers, sont retenues dans des espaces inadaptés. Ces commissariats, destinés à des gardes à vue temporaires, se transforment en centres de détention prolongée en raison de l’incapacité du système pénitentiaire à absorber davantage de détenus.
Un système judiciaire paralysé
L’enquête de l’OPC met également en lumière l’inactivité des tribunaux pour enfants depuis trois ans, faute de nomination de juges. Cette paralysie judiciaire entraîne une prolongation des détentions préventives, notamment pour les mineurs, en violation flagrante des droits garantis par la Convention relative aux droits de l’enfant.
À la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), chargée de lutter contre la criminalité organisée, les cellules débordent avec 91 détenus, parmi lesquels des mineurs et des suspects étrangers. Malgré certains efforts pour séparer les hommes des femmes, la promiscuité et le manque de ressources exacerbent les conditions inhumaines.
L’appel à des réformes structurelles
Face à ces constats, le Protecteur du Citoyen a rappelé les obligations de l’État haïtien selon les normes internationales, notamment les règles Nelson Mandela et la Convention Américaine des Droits Humains. L’OPC exige des mesures immédiates pour désengorger les centres de détention, améliorer les infrastructures et garantir le respect des droits fondamentaux des détenus.
En conclusion, l’OPC appelle à une mobilisation nationale et internationale pour répondre à cette crise. Des réformes urgentes sont nécessaires pour restaurer la dignité humaine dans les prisons haïtiennes et prévenir une détérioration supplémentaire des droits humains dans le pays.
Ce rapport constitue un appel pressant aux autorités et aux partenaires internationaux pour agir sans délai afin d’humaniser les conditions de détention en Haïti.