Alors qu’Haïti compte désormais 1,4 million de déplacés internes à cause de la violence des gangs, la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) cède officiellement la place à la Force de Répression des Gangs (FRG), mandatée par l’ONU. Une transition qui s’opère sans interruption des opérations sur le terrain.

L’OEA réaffirme son engagement aux côtés d’Haïti

Face à l’ampleur de la crise humanitaire, le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA), Albert Ramdin, a tenu à rappeler le soutien indéfectible de son organisation à Haïti. Réagissant aux chiffres alarmants publiés par l’Organisation internationale de la migration (OIM) sur les déplacements forcés, le diplomate a souligné l’urgence de s’attaquer aux racines du problème.

« Résoudre les causes profondes des niveaux sans précédent de déplacement des Haïtiens est une question urgente. La sécurité est la priorité, et à l’OEA nous sommes prêts à rendre opérationnel notre soutien à l’ONU et à la Force de Répression des Gangs mandatée par les Nations Unies », a écrit M. Ramdin sur X. Il a également insisté sur l’importance de la coopération internationale, conformément à la Feuille de route pour la stabilité et la paix en Haïti.

Ces déclarations interviennent dans un contexte où 1,4 million d’Haïtiens ont été contraints de fuir leur foyer, chassés par la terreur imposée par les gangs armés. Un chiffre qui illustre l’ampleur du drame que vivent des milliers de familles, tant en Haïti que dans la diaspora qui assiste, impuissante, à la dégradation de la situation.

La FRG prend officiellement le relais de la MMAS

La transition tant attendue est désormais effective. L’ambassade des États-Unis à Port-au-Prince a annoncé que la MMAS, déployée sur le terrain haïtien depuis juin 2024, est officiellement remplacée par la Force de Répression des Gangs (FRG). Cette nouvelle force opère en vertu de la résolution 2793 (2025) des Nations Unies.

« C’est formidable de voir la Force de répression des gangs (FRG) en opération », a déclaré l’ambassade américaine sur Facebook. Composée de 5 500 membres, la FRG mène des opérations conjointes et indépendantes aux côtés de la Police nationale haïtienne (PNH) et des Forces armées d’Haïti (FAd’H). Sa mission est triple : lutter contre les gangs, protéger les infrastructures stratégiques et soutenir les efforts de stabilisation du pays.

Pour assurer le bon fonctionnement de cette force, le nouveau Bureau d’appui des Nations Unies en Haïti (UNSOH) fournit une aide logistique et médicale indispensable. Une structure de soutien qui vise à éviter les lacunes qui avaient parfois freiné l’action de la MMAS.

Une transition sans interruption des opérations

Sur son compte X, la désormais Force de Répression des Gangs a tenu à rassurer la population : aucun vide sécuritaire ne sera laissé aux mains des bandits.

« Durant cette transition, les opérations et patrouilles se poursuivent sans interruption, tous les anciens membres de la MSS ayant été intégrés avec succès au sein du dispositif de la GSF, évitant ainsi tout vide sécuritaire susceptible d’être exploité par les gangs criminels », peut-on lire dans leur publication.

La FRG procède également au « rebranding » de tous les canaux de communication de l’ancienne MMAS : réseaux sociaux, logos, drapeaux et insignes adoptent progressivement la nouvelle identité. Un processus cosmétique, certes, mais qui symbolise un nouveau départ et renforce la visibilité de cette force internationale.

L’organisation s’engage par ailleurs à maintenir un flux constant d’informations vers le public et ses partenaires, dans un esprit de transparence. Une promesse importante pour une population haïtienne qui a souvent dénoncé le manque de communication sur les actions menées par les forces internationales.

Un espoir fragile pour une nation épuisée

Pour les Haïtiens en Haïti comme ceux de la diaspora, cette transition de la MMAS vers la FRG suscite à la fois espoir et scepticisme. Espoir, parce que le renforcement du mandat onusien et l’augmentation des effectifs pourraient enfin permettre de reprendre le contrôle des zones gangrenées par les gangs. Scepticisme, car les promesses internationales se sont souvent heurtées à la réalité complexe du terrain haïtien.

Les 1,4 million de déplacés attendent des résultats concrets. Les familles séparées, les enfants déscolarisés, les commerçants ruinés espèrent que cette Force de Répression des Gangs ne sera pas qu’un changement de nom, mais une véritable rupture avec l’impunité qui règne depuis trop longtemps.

La FRG est en marche. Reste à savoir si cette nouvelle force parviendra là où les autres ont échoué : redonner aux Haïtiens le droit de vivre en paix sur leur propre terre. Le compte à rebours est lancé, et chaque jour compte pour des millions de compatriotes qui attendent, désespérément, un retour à la normale.

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