L’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a mené ce mercredi 16 juillet une perquisition dans les locaux du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique. Cette opération musclée fait suite à un rapport accablant révélant des détournements présumés de plus de 50 millions de gourdes.

Une descente qui ne passe pas inaperçue

Les enquêteurs de l’ULCC, accompagnés d’agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH), ont investi les bureaux du MJSAC dans une opération qui témoigne de la détermination des autorités à s’attaquer aux dossiers de corruption. Cette action concrète résonne particulièrement dans un contexte où les Haïtiens, qu’ils soient à Port-au-Prince, aux Gonaïves ou dans la diaspora de Miami à Montréal, réclament depuis longtemps une justice effective contre les détournements de fonds publics.

La perquisition intervient après la publication d’un rapport explosif de l’Ensemble Contre la Corruption (ECC) qui a mené une enquête approfondie du 4 au 30 juin 2025 sur le fonctionnement du ministère dirigé par Niola Lynn Sarah Dévalis Octavius.

Un scandale aux multiples facettes

L’enquête de l’ECC, basée sur 21 témoignages d’employés, contractuels et bénéficiaires de programmes, a mis au jour un système de corruption bien rodé. Les révélations sont particulièrement choquantes :

Des détournements massifs : Plus de 50 millions de gourdes auraient été détournés dans le cadre de l’achat de matériels divers pour les programmes jeunesse qui n’ont jamais été livrés. Pour donner une idée de l’ampleur, cette somme équivaut à environ 380 000 dollars américains au taux actuel.

Des pratiques frauduleuses : L’utilisation abusive de cartes bancaires publiques, le détournement présumé de chèques destinés aux contractuels et même aux personnes décédées, ainsi que le rançonnement de jeunes bénéficiaires du programme PASOJEPS illustrent l’étendue des irrégularités.

Une opacité totale : Des millions de gourdes auraient été décaissés pour les fêtes nationales sans aucun rapport ni justificatif public, dans un pays où chaque gourde compte pour les familles qui peinent à joindre les deux bouts.

Un ministère stratégique touché

Le MJSAC occupe une place particulière dans l’architecture gouvernementale haïtienne. Responsable des programmes destinés à la jeunesse, il gère des fonds cruciaux pour l’avenir du pays. Que ce soit pour les jeunes des quartiers populaires de Cité Soleil ou de Martissant, ou pour ceux qui tentent de s’en sortir par le sport et l’éducation civique, ce ministère représente souvent un espoir de mobilité sociale.

La corruption présumée dans cette institution touche donc directement les couches les plus vulnérables de la population, celles qui comptent sur ces programmes pour s’épanouir et contribuer au développement du pays.

L’ECC monte au créneau

L’Ensemble Contre la Corruption n’a pas fait dans la demi-mesure. Après avoir documenté méticuleusement les dysfonctionnements, l’organisme a formellement appelé l’ULCC à ouvrir une enquête et à transmettre les résultats au parquet financier pour les suites légales appropriées.

Cette démarche illustre le rôle crucial que jouent les organisations de la société civile dans la lutte contre la corruption en Haïti, un fléau qui contribue à maintenir le pays dans la pauvreté et pousse de nombreux jeunes à chercher leur avenir ailleurs.

Cette perquisition marquera-t-elle un tournant dans la lutte contre la corruption en Haïti ? Alors que les institutions font face à une crise de confiance majeure, les Haïtiens d’ici et d’ailleurs attendent des actions concrètes et des sanctions exemplaires. Car au-delà des enquêtes et des rapports, c’est l’avenir même de la jeunesse haïtienne qui est en jeu.

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