Après un bras de fer de 48 heures, les conseillers présidentiels enterrent la hache de guerre. Smith Augustin, Louis Gérald Gilles et Emmanuel Vertilaire changent de ton et permettent l’adoption du code pénal et du décret référendaire lors du Conseil des ministres de mardi.

La politique haïtienne vient encore une fois de montrer sa capacité à surprendre. En moins de deux jours, la crise qui secouait le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) s’est muée en réconciliation, permettant au gouvernement d’adopter deux textes cruciaux : le nouveau code pénal et le décret référendaire.

Cette volte-face intervient après que les trois conseillers dissidents – Smith Augustin, Louis Gérald Gilles et Emmanuel Vertilaire – eurent vertement critiqué leur coordonnateur Fritz Alphonse Jean pour avoir organisé un Conseil des ministres sans respecter le quorum réglementaire.

De la confrontation au dialogue en 24 heures

Lundi, le ton était dur. Les trois conseillers dénonçaient publiquement les « pratiques contraires » de Fritz Jean et menaçaient la stabilité institutionnelle. Mardi, leur nouvelle correspondance respire l’apaisement et la diplomatie.

« Nous saluons les éclaircissements que vous y apportez. Ils contribuent à lever certaines incompréhensions », écrivent-ils désormais au coordonnateur. Un changement de registre qui en dit long sur les négociations qui ont dû se dérouler en coulisses.

Cette capacité à passer de la confrontation au compromis rappelle les pratiques politiques traditionnelles haïtiennes, où les positions les plus tranchées peuvent évoluer rapidement selon les rapports de force et les intérêts en jeu.

Fritz Jean fait amende honorable

Dans cette crise éclair, le coordonnateur Fritz Alphonse Jean semble avoir fait le premier pas vers la réconciliation. Les trois conseillers se félicitent qu’il ait reconnu « le bien-fondé de leur préoccupation » et sa volonté de « rectifier certaines pratiques ».

Cette reconnaissance, qualifiée de « tardive mais sincère » par les dissidents, illustre une fois de plus les subtilités du jeu politique haïtien où l’art du compromis l’emporte souvent sur la rigidité des positions.

Pour nos compatriotes qui suivent ces péripéties depuis la diaspora, cette séquence résume bien les défis de la gouvernance haïtienne : des institutions fragiles, des ego surdimensionnés, mais aussi une capacité de rebond quand l’intérêt national est en jeu.

Le code pénal finalement adopté

Au-delà des querelles de procédure, l’essentiel a été préservé. Le Conseil des ministres de mardi a bel et bien adopté le nouveau code pénal, attendu depuis des années par la société haïtienne. Ce texte fondamental pour la modernisation du système judiciaire ne devait pas être victime des tensions au sommet de l’État.

L’adoption simultanée du décret référendaire constitue également un signal fort. Ce texte, « prélude nécessaire à l’organisation d’élections libres, inclusives et crédibles » selon les termes même des conseillers, ouvre la voie au processus électoral tant attendu.

L’intérêt supérieur de la Nation avant tout

Dans leur lettre de réconciliation, Smith Augustin, Louis Gérald Gilles et Emmanuel Vertilaire réaffirment que leur « seule boussole reste l’intérêt supérieur de la Nation ». Une formule qui, si elle relève du langage diplomatique convenu, n’en traduit pas moins une réalité : face aux enjeux majeurs du pays, les querelles personnelles doivent céder le pas.

Cette capacité à dépasser les ego pour préserver l’essentiel constitue peut-être l’un des rares motifs d’espoir dans le paysage politique haïtien actuel.

Cette crise express du CPT aura finalement accouché d’une réconciliation et permis l’adoption de textes importants. Reste à savoir si cette accalmie durera face aux défis qui attendent le pays : processus électoral, sécurité, relance économique. Car au-delà des joutes verbales, c’est bien sur ces dossiers concrets que les Haïtiens jugeront leurs dirigeants.

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