La colère a éclaté ce lundi devant le Ministère des Travaux publics à Delmas 33. Des employés du Centre National des Équipements, privés de salaire depuis dix mois, ont manifesté pour réclamer leurs arriérés. La situation a dégénéré quand les agents de sécurité du ministère ont ouvert le feu, blessant un manifestant au pied.

Imaginez ne pas recevoir votre salaire pendant dix mois. Imaginez voir vos enfants manquer de tout, vos factures s’accumuler, votre dignité s’effriter jour après jour. C’est exactement ce que vivent les employés du Centre National des Équipements (CNE) qui ont choisi ce lundi 2 juin de faire entendre leur voix devant le Ministère des Travaux publics, Transports et Communications (MTPTC) à Delmas 33.

Leur message était simple : « Payez-nous ce que vous nous devez ! » Leur méthode était pacifique : une manifestation pour réclamer justice. Mais la réponse qu’ils ont reçue était brutale : des balles.

Quand la survie pousse à la rue

Ces employés ne manifestaient pas par plaisir. Après dix longs mois sans salaire, ils n’avaient plus le choix. Pour attirer l’attention sur leur détresse, ils ont érigé des pneus enflammés devant la barrière du ministère et installé des barricades pour bloquer la circulation.

Des gestes désespérés ? Peut-être. Mais que faire d’autre quand on a épuisé tous les canaux officiels, quand les promesses se succèdent sans jamais se concrétiser, quand la faim frappe à votre porte ?

Ces hommes et ces femmes ne demandaient rien d’extraordinaire. Juste leur salaire. Juste de quoi nourrir leurs familles et payer leurs obligations. Un droit fondamental que tout travailleur mérite.

La violence comme seule réponse

Mais au lieu d’écouter leurs revendications légitimes, au lieu de chercher un dialogue, les agents de sécurité du MTPTC ont choisi la voie de la violence. Des échauffourées ont éclaté, et dans la confusion, des coups de feu ont retenti.

Un manifestant a été touché au pied par une balle. Selon les témoignages des autres employés présents sur place, le tir provenait des agents de sécurité du ministère. L’homme blessé a dû être transporté d’urgence à l’hôpital.

Réfléchissons un instant : un travailleur qui réclame son salaire légitime se retrouve à l’hôpital avec une balle dans le pied. Dans quel pays vivons-nous ?

L’absence troublante de la police

Ce qui rend cette situation encore plus préoccupante, c’est l’absence totale de la Police Nationale d’Haïti sur les lieux. Où étaient les forces de l’ordre censées maintenir la paix et protéger les citoyens ?

Cette absence laisse le champ libre aux agents de sécurité privés du ministère, qui se comportent comme des justiciers sans aucun contrôle. Qui leur a donné le droit de tirer sur des citoyens qui exercent leur droit constitutionnel de manifester ?

Un système qui broie ses propres employés

Cette tragédie révèle l’état de délabrement de notre administration publique. Comment un État peut-il laisser ses propres employés sans salaire pendant dix mois ? Comment peut-on ensuite les brutaliser quand ils osent réclamer leur dû ?

Nos compatriotes de la diaspora qui nous suivent depuis l’étranger doivent se demander comment nous en sommes arrivés là. Comment un pays peut-il traiter ses travailleurs avec un tel mépris ?

Ces employés du CNE, ce sont des pères et des mères de famille, des citoyens qui se lèvent chaque matin pour servir leur pays. Ils méritent mieux que des balles en guise de réponse à leurs revendications légitimes.

La détermination malgré la violence

Malgré cette agression inacceptable, les manifestants restent déterminés. Ils annoncent la poursuite de leur mouvement jusqu’à vendredi prochain. Leur message est clair : la violence ne les fera pas taire.

Cette détermination force le respect. Malgré les menaces, malgré les tirs, ils continuent de réclamer justice. Car au-delà de leurs salaires impayés, c’est leur dignité qu’ils défendent.

Un appel à la conscience collective

Frères et sœurs haïtiens, cette situation nous concerne tous. Aujourd’hui, ce sont les employés du CNE qui subissent cette injustice. Demain, cela pourrait être n’importe lequel d’entre nous.

Nous ne pouvons pas accepter qu’un État tire sur ses propres citoyens qui réclament leur salaire. Nous ne pouvons pas normaliser cette violence institutionnelle qui gangrène notre société.

Il est temps que les autorités assument leurs responsabilités. Il est temps de payer ces arriérés de salaire. Il est temps d’ouvrir une enquête sur cette fusillade. Il est temps de rappeler à tous que les employés publics sont des citoyens, pas des ennemis.

Justice pour tous

L’employé blessé ce lundi mérite justice. Ses collègues méritent leurs salaires. Et nous tous, citoyens haïtiens, méritons mieux que cette République où l’État tire sur son propre peuple.

Cette affaire ne doit pas tomber dans l’oubli. Elle doit servir de catalyseur pour exiger un changement fondamental dans la façon dont notre État traite ses employés et ses citoyens.

Car un pays qui tire sur ses travailleurs n’est plus un pays. C’est juste un territoire où règne la loi du plus fort.

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