Le gang 400 Mawozo a encore frappé ce lundi 2 juin, semant la terreur entre Pernier et la Route de Frères. Au moins huit vies fauchées, des maisons incendiées : la capitale saigne une fois de plus sous les balles des criminels.
Le réveil a été brutal pour les habitants de Kébo ce lundi matin. Dans cette zone coincée entre Pernier et la Route de Frères, le bruit des rafales d’armes automatiques a remplacé les bruits familiers du petit jour. Quand le silence est revenu, huit corps gisaient sans vie, et plusieurs habitations partaient en fumée.
La vengeance du 400 Mawozo
Selon les témoignages recueillis sur le terrain, cette attaque sanglante ne doit rien au hasard. Elle constituerait une opération de « renfort » pour Vitel’Homme Innocent, le chef de gang du 400 Mawozo récemment blessé lors d’une confrontation. Comme souvent dans cette guerre des gangs qui ravage la capitale, chaque blessure appelle sa vengeance, chaque humiliation son lot de représailles.
Les assaillants, lourdement armés, ont débarqué tôt dans la journée avec une mission claire : terroriser, tuer, détruire. La méthode est rodée, malheureusement familière pour les habitants de la région métropolitaine qui vivent quotidiennement sous cette épée de Damoclès.
Un État aux abonnés absents
À la mi-journée, aucune réaction officielle des autorités n’était parvenue aux oreilles des familles endeuillées. Ce silence assourdissant en dit long sur l’impuissance de l’État haïtien face à l’escalade criminelle qui gangrenise la capitale.
Pourtant, la Police nationale d’Haïti (PNH) et des « forces non identifiées » mènent sporadiquement des opérations contre ces groupes armés. Mais ces interventions ponctuelles ressemblent davantage à des coups d’épée dans l’eau qu’à une véritable stratégie de reconquête territoriale.
La tragédie d’un peuple abandonné
Cette énième tuerie de Pernier illustre cruellement la réalité quotidienne de milliers d’Haïtiens : vivre sous la menace permanente de groupes criminels qui ont fait de leurs quartiers des zones de non-droit. Entre Cité Soleil, Martissant, Village de Dieu et maintenant Pernier, la carte de la terreur s’étend inexorablement.
Pour nos compatriotes de la diaspora qui suivent ces tragédies depuis l’étranger, chaque nouvelle attaque ravive la douleur de voir leur pays natal sombrer dans la barbarie. Pour ceux qui vivent encore en Haïti, c’est l’angoisse quotidienne de ne pas savoir si demain, leur quartier ne sera pas le prochain sur la liste sanglante des gangs.
Des appels au secours dans le vide
« Les appels à l’aide se multiplient », constate-t-on amèrement. Mais vers qui se tourner quand l’État lui-même semble avoir abdiqué sa responsabilité première : protéger ses citoyens ? Cette question hante désormais chaque famille haïtienne, qu’elle réside à Port-au-Prince ou dans les communes de province où la violence gagne du terrain.
Huit morts de plus à Pernier. Huit familles brisées. Huit noms qui s’ajoutent à la liste interminable des victimes de cette guerre que l’État n’arrive pas à gagner contre les criminels. Pendant que les gangs s’arment et se renforcent, la population civile continue de payer le prix fort d’une sécurité défaillante. Jusqu’à quand les Haïtiens devront-ils vivre dans cette terreur quotidienne ? Jusqu’à quand accepterons-nous que nos frères et sœurs tombent sous les balles de bandits qui ont fait de notre capitale leur terrain de jeu macabre ?