L’ancien Premier ministre de Jacques Chirac sort du silence et critique ouvertement Macron et Bayrou. À 71 ans, le diplomate chevronné laisse entendre qu’il pourrait briguer l’Élysée en 2027, misant sur son expérience internationale dans un monde en guerre. Une ambition qui pourrait bouleverser le paysage politique français.

Trois ans avant l’échéance présidentielle, les premiers coups de canon retentissent déjà. Dominique de Villepin, figure emblématique de la droite gaulliste et ancien bras droit de Jacques Chirac, a choisi ce dimanche 15 juin pour faire savoir qu’il « veut servir son pays ». Dans une interview accordée à Ouest-France, l’homme de 71 ans dresse un portrait sans concession de la France d’Emmanuel Macron et pointe les défaillances qu’il observe depuis l’Élysée.

Le retour d’un poids lourd de la diplomatie

Pour les Haïtiens qui suivent la politique française de près – nombreux sont ceux de la diaspora à être naturalisés français ou à vivre en France -, le nom de Dominique de Villepin évoque immédiatement son célèbre discours à l’ONU contre l’intervention en Irak en 2003. Cette stature internationale, l’ancien ministre des Affaires étrangères entend bien la faire valoir face à ce qu’il considère comme l’amateurisme ambiant.

« Dans le changement d’époque que nous traversons, les Français ont bien compris que l’expérience, la vision, la force des convictions et la fermeté des principes étaient à nouveau le cœur de la fonction présidentielle », martèle-t-il. Un message qui résonne particulièrement dans un contexte où les crises internationales se multiplient, de l’Ukraine au Moyen-Orient.

Macron et Bayrou dans le viseur

L’attaque est frontale. Villepin accuse Emmanuel Macron et François Bayrou de se « montrer incapables d’exercer la plénitude de leur fonction ». Pour l’ancien Premier ministre, le président français vit dans un « décalage » total avec les préoccupations des citoyens. Une critique qui rappelle les reproches souvent adressés aux dirigeants haïtiens, accusés de gouverner depuis leur bulle sans comprendre les réalités du terrain.

Cette sortie intervient alors que Macron traverse une période difficile, entre instabilité gouvernementale et contestation sociale. Pour Villepin, le rôle présidentiel doit être celui d’un « arbitre, un garant des institutions et un inspirateur, quelqu’un qui dirige et incarne la nation » – une définition qui semble directement critiquer le style présidentiel actuel.

Le spectre de l’extrême droite comme repoussoir

L’ancien diplomate n’hésite pas à agiter le chiffon rouge du Rassemblement National pour justifier sa possible candidature. « Imaginez où nous en serions aujourd’hui, avec un chef d’État issu de l’extrême droite ? La France serait vassalisée et soumise à M. Trump et M. Poutine ! », s’alarme-t-il.

Cette stratégie de la peur face au RN, qui monte dans les sondages depuis sa victoire aux européennes, pourrait séduire un électorat modéré en quête d’alternative. Pour la communauté haïtienne de France, traditionnellement attachée aux valeurs républicaines et inquiète des discours anti-immigration, ce positionnement pourrait faire écho.

Un pari sur l’expérience dans un monde chaotique

Le message de Villepin est clair : en 2027, face aux défis géopolitiques colossaux, la France ne pourra plus se permettre d’élire un président « qui n’a pas d’expérience éprouvée des affaires internationales ». Une pique directe à Emmanuel Macron, arrivé à l’Élysée sans expérience gouvernementale, mais aussi un argument de campagne déjà bien rodé.

Cette insistance sur l’expérience internationale résonne particulièrement dans le contexte haïtien, où les relations avec la France restent cruciales, notamment sur les questions de coopération, d’aide au développement et de gestion des crises humanitaires.

À 71 ans, Dominique de Villepin fait le pari que les Français, lassés des expérimentations, privilégieront l’expérience face aux turbulences mondiales. Mais cette stratégie suffira-t-elle à convaincre un électorat en quête de renouveau ? Le défi sera de taille pour celui qui veut incarner à la fois la continuité gaulliste et la rupture avec l’ère Macron.

Partager.

Les commentaires sont fermés.

Exit mobile version