Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé entame ce mardi une mission diplomatique de 48 heures aux États-Unis. Objectif : actualiser la feuille de route internationale pour Haïti lors d’une réunion tripartite ONU/CARICOM/OEA qui pourrait redéfinir l’aide internationale au pays.

Alors qu’Haïti traverse l’une des crises les plus profondes de son histoire moderne, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a pris l’avion ce mardi 26 août pour les États-Unis. Une mission éclair de 48 heures qui s’annonce déterminante pour l’avenir de l’aide internationale au pays.

Une réunion tripartite aux enjeux majeurs

Ce mercredi 27 août, le Chef du Gouvernement haïtien participera à une réunion tripartite inédite réunissant l’Organisation des Nations Unies (ONU), la Communauté des Caraïbes (CARICOM) avec son Groupe de personnalités éminentes (EPG), et l’Organisation des États américains (OEA). Une convergence diplomatique rare qui témoigne de l’urgence de la situation haïtienne.

Au menu des discussions : la mise à jour de la feuille de route pour Haïti et les étapes de suivi, sous la direction de l’OEA. Cette feuille de route, élaborée il y a plusieurs mois, nécessite visiblement des ajustements face à l’évolution rapide de la crise sécuritaire et humanitaire.

Le « Groupe des amis d’Haïti » mobilisé

La réunion inclura également le fameux « Groupe des amis d’Haïti », cette coalition informelle de pays donateurs et d’organisations internationales qui coordonnent l’aide au pays depuis des années. Un groupe qui comprend notamment les États-Unis, le Canada, la France, le Brésil, et plusieurs pays européens.

Pour Fils-Aimé, cette rencontre représente l’opportunité de plaider directement la cause haïtienne auprès des principaux bailleurs de fonds internationaux. À l’heure où la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) dirigée par le Kenya peine à déployer tous ses effectifs, ces discussions pourraient déboucher sur de nouveaux engagements financiers et logistiques.

Entre diplomatie et urgences internes

Cette mission intervient dans un contexte particulièrement tendu. Pendant que le Premier ministre négocie à Washington, Port-au-Prince et ses environs restent largement sous l’emprise des gangs armés. Les déplacés internes se comptent désormais par centaines de milliers, et l’économie continue de s’effondrer.

Le timing de ce déplacement n’est pas anodin. Il survient quelques jours après les violents affrontements dans plusieurs quartiers de la capitale, et alors que la population attend des résultats concrets de la MMAS. Pour beaucoup d’Haïtiens, ces réunions internationales rappellent douloureusement la longue série de plans et initiatives qui n’ont pas réussi à stabiliser le pays.

L’art délicat de la diplomatie haïtienne

Pour Alix Didier Fils-Aimé, cette mission diplomatique constitue un test crucial. Nommé Premier ministre dans un contexte de crise profonde, il doit convaincre les partenaires internationaux de maintenir leur engagement tout en démontrant que son gouvernement peut livrer des résultats.

La participation du Premier ministre « réaffirme la volonté du Gouvernement de travailler en étroite collaboration avec les partenaires internationaux », selon le communiqué officiel. Une formule diplomatique qui masque mal les enjeux concrets : obtenir plus de financement pour la MMAS, accélérer l’aide humanitaire, et surtout éviter que la communauté internationale se lasse du « dossier haïtien ».

Retour prévu jeudi : quelles annonces ?

Le Premier ministre doit regagner Port-au-Prince ce jeudi 28 août. La population haïtienne, autant en Haïti que dans la diaspora, scrutera attentivement ses déclarations au retour. Car au-delà des communiqués diplomatiques, c’est bien sur le terrain que se mesurera l’efficacité de cette mission.

Dans les couloirs de Washington, Alix Didier Fils-Aimé porte sur ses épaules les espoirs et les frustrations de tout un peuple. Entre les attentes légitimes de la population haïtienne et les exigences des bailleurs internationaux, cette mission de 48 heures pourrait bien déterminer l’orientation de l’aide internationale dans les mois à venir. Reste à savoir si ces discussions de haut niveau se traduiront enfin par des changements tangibles dans les rues de Port-au-Prince, Gonaïves ou Cap-Haïtien.

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