Malgré la crise sécuritaire, Haïti se hisse parmi les six finalistes sur vingt pays en lice pour la vice-présidence de la Commission Économique pour l’Amérique Latine. La Ministre Pedrica Saint Jean annonce aussi la réouverture de « La Maison des Femmes » pour les victimes de violences.

Dans un contexte où les femmes haïtiennes font face à une recrudescence des violences liées à l’insécurité, une lueur d’espoir vient de la scène internationale. La République d’Haïti figure désormais parmi les six pays finalistes pour la vice-présidence de la Commission Économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPAL), une reconnaissance majeure des efforts du pays en matière de droits des femmes.

Une reconnaissance internationale malgré la tourmente

Cette sélection, annoncée lors de la 23ᵉ séance des « Mardis de la Nation » par la Ministre à la Condition féminine, Pedrica Saint Jean, n’est pas anodine. Elle survient alors qu’Haïti traverse l’une des crises les plus graves de son histoire récente, avec des gangs qui terrorisent particulièrement les femmes et les filles.

Le forum tenu au Mexique du 12 au 15 août a permis aux États participants d’évaluer les progrès en matière d’égalité des sexes. Pour Haïti, cette candidature retenue représente bien plus qu’une simple reconnaissance : c’est la preuve que malgré les défis internes, le pays continue de jouer un rôle actif sur la scène régionale.

Des partenariats stratégiques en perspective

Cette candidature s’accompagne de retombées concrètes pour les femmes haïtiennes. Un institut de formation en genre sera créé pour renforcer les compétences des cadres du Ministère à la Condition féminine et des leaders des organisations féministes locales.

Ce projet rappelle les initiatives similaires menées par des pays comme le Costa Rica ou l’Uruguay, qui ont fait de la formation en genre un pilier de leurs politiques publiques. Pour les nombreuses organisations de femmes qui luttent quotidiennement en Haïti – de SOFA (Solidarite Fanm Ayisyen) aux groupes de base dans les quartiers – cette formation représente un renforcement crucial de leurs capacités.

Un partenariat avec l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) prévoit également la création d’un site national d’enregistrement des organisations de femmes. Une initiative qui permettra enfin de cartographier et de formaliser le tissu associatif féminin haïtien, souvent invisible dans les statistiques officielles.

« La Maison des Femmes » rouvre ses portes

L’annonce la plus attendue concerne la réouverture prochaine de « La Maison des Femmes », structure d’accueil pour les victimes de violences sexuelles. Dans un contexte où les viols et agressions contre les femmes se multiplient dans les zones contrôlées par les gangs, cette structure représente un refuge vital.

Le concept est ambitieux : un accompagnement de trois mois incluant soins médicaux, soutien psychosocial, assistance judiciaire et formation professionnelle. Une approche holistique qui vise non seulement à soigner les traumatismes, mais aussi à donner aux victimes les moyens de reconstruire leur vie.

Cette prise en charge multisectorielle associe les Ministères de la Santé, de la Justice et des Affaires Sociales – une coordination interministérielle rare dans l’administration haïtienne, mais nécessaire face à l’ampleur du défi.

Un défi colossal dans les zones les plus touchées

La Ministre Saint Jean a particulièrement insisté sur l’accompagnement dans « les départements les plus affectés par les exactions des groupes armés ». Une référence directe à l’Ouest, l’Artibonite et certaines zones du Nord, où les femmes subissent de plein fouet la violence des gangs.

Pour les milliers de femmes déplacées qui vivent aujourd’hui dans des conditions précaires, ces mesures peuvent faire la différence entre la survie et la reconstruction. Mais leur mise en œuvre effective reste le véritable test.

Entre reconnaissance internationale et défis domestiques, Haïti tente de maintenir le cap sur les droits des femmes. Si cette candidature à la CEPAL témoigne de la volonté politique, c’est bien sur le terrain, dans les quartiers de Cité Soleil, de Martissant ou de Croix-des-Bouquets, que se mesureront les vrais progrès. Car au-delà des forums internationaux, ce sont les femmes haïtiennes elles-mêmes qui, chaque jour, redéfinissent leur place dans une société en mutation.

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