Plus de 70 entrepreneures réunies à Port-au-Prince prouvent que malgré l’instabilité, l’esprit d’entreprise féminin résiste et inspire. Un salon qui redonne espoir à tout un pays.

Dans un contexte où beaucoup parlent de fatalité, elles ont choisi l’audace. Ce samedi 5 juillet 2025, l’Hôtel El Rancho a vibré au rythme de HAIFEX, le premier Salon de l’Entrepreneuriat Féminin d’Haïti. Une initiative qui tombe à pic dans un pays où les femmes représentent plus de 50% de la population active mais restent souvent dans l’ombre des grands projets économiques.

Des parcours qui forcent l’admiration

L’événement, soutenu par le PNUD et organisé par EGM Strategy and Management, a mis en lumière des histoires qui résonnent bien au-delà des frontières haïtiennes. Caroline Chatelain, professeure de yoga, a démarré son activité « sans local, sans financement, juste avec un rêve ». Un témoignage qui rappelle celui de tant de Haïtiennes, qu’elles soient à Miami, Montréal ou Paris, qui ont bâti leur succès à partir de rien.

« Il faut chercher à faire différent, ne pas copier », conseille Stella de BABE Essentials. Un message qui fait écho à cette créativité haïtienne reconnue mondialement, des ateliers de fer forgé de Croix-des-Bouquets aux créateurs de mode de New York en passant par les entrepreneurs tech de la Silicon Valley.

L’union fait la force : un leitmotiv haïtien

« Seule, c’est difficile. Ensemble, c’est possible », résume Rebeca Méde, gestionnaire d’un centre de massage qui emploie aujourd’hui plusieurs jeunes. Cette philosophie du « konbit » – l’entraide communautaire traditionnelle – prend ici une dimension moderne et économique.

Kemissa Trecil, juriste et DJ, rappelle une réalité cruciale : « Avoir une idée, c’est bien. Mais il faut aussi penser à l’enregistrement de l’entreprise, même avec peu de moyens. » Un conseil précieux pour toutes ces femmes qui, souvent, naviguent dans l’informel par manque d’accompagnement.

Une vitrine pour l’Haïti de demain

La présence de Stella Jean, créatrice de mode italo-haïtienne et première styliste noire de nationalité italienne, en tant qu’invitée d’honneur, illustre parfaitement cette diaspora qui n’oublie pas ses racines. Son parcours inspire autant les jeunes filles présentes au salon que les Haïtiennes établies à l’étranger qui cherchent à contribuer au développement du pays.

Le professeur Jacky Lumarque, recteur de l’Université Quisqueya, a salué cette « petite lumière du Haïti de demain ». Car au-delà des témoignages, HAIFEX révèle une vérité souvent occultée : les femmes haïtiennes ne veulent plus seulement participer au changement, elles entendent désormais le diriger.

Un appel aux autorités et à la diaspora

Ces entrepreneures lancent un message clair aux décideurs : il faut des mécanismes concrets pour encourager la formation, la structuration et l’accompagnement des projets féminins. Dans un pays où l’insécurité décourage les initiatives, elles prouvent que l’espoir peut triompher de l’adversité.

Rendez-vous ce dimanche 6 juillet pour la deuxième journée de HAIFEX, avec panels, ateliers et conférences. Car si ces femmes peuvent transformer leurs rêves en réalité dans un contexte aussi difficile, qu’est-ce qui nous empêche, nous aussi, de croire en nos projets ? Ayiti gen moun, comme on dit. Et ces femmes le prouvent magnifiquement.

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