Un rapport alarmant de l’UNICEF révèle que près de 680 000 enfants haïtiens ont fui leur domicile en un an, chassés par la violence galopante. Au total, 1,3 million de personnes sont devenues des sans-abri, tandis que les groupes armés contrôlent 85 % de la capitale. L’organisation internationale appelle la communauté mondiale à agir immédiatement.
Une année d’horreur pour les enfants haïtiens
Le portrait que dresse le rapport SOS Enfants publié par l’UNICEF le 8 octobre 2025 est glaçant. Près de 680 000 enfants ont été déplacés par la violence au cours de la dernière année — un chiffre qui a pratiquement doublé en seulement douze mois. Ces petits, arrachés à leur foyer, vivent désormais dans l’une des 246 communautés d’accueil éparpillées à travers le pays.
Pour beaucoup d’entre eux, fuir n’a pas été une expérience unique. Des enfants ont été contraints de se déplacer à plusieurs reprises, subissant chaque fois des traumatismes supplémentaires qui fragilisent davantage leur sécurité physique, leur accès à l’éducation et leur bien-être psychologique.
Catherine Russell, directrice générale de l’UNICEF, n’a pas mâché ses mots : « En Haïti, les enfants sont frappés par des violences et des déplacements d’une ampleur terrifiante. Le nombre d’enfants déplacés a presque doublé en un an. Chaque nouvelle obligation de fuir les prive non seulement de leur logement, mais aussi de la possibilité d’aller à l’école et de vivre une enfance normale. »
Des camps de l’horreur sans protection
Les conditions de vie dans les 246 sites de déplacés sont catastrophiques. Plus d’un tiers de ces sites manquent d’infrastructures de protection élémentaires, exposant les enfants et les femmes à des risques constants de violence, d’exploitation et d’abus. Une situation particulièrement préoccupante dans un contexte où le danger guette à chaque coin de rue.
Pour aggraver le tableau, de nombreuses écoles ont été converties en abris d’urgence. Cette réallocation forcée a jeté à la rue près d’un demi-million d’élèves, prolongeant une crise éducative qui a déjà volé des années d’apprentissage à toute une génération d’enfants haïtiens.
Une crise humanitaire sans précédent
Au-delà des déplacements, les enfants d’Haïti font face à un véritable cauchemar sur tous les fronts :
— 3,3 millions d’enfants ont besoin d’une aide humanitaire immédiate
— Plus d’1 million d’enfants souffrent de niveaux critiques d’insécurité alimentaire
— 288 544 enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aiguë cette année seulement
À la racine de cette catastrophe humanitaire se trouve un élément clé : les groupes armés contrôlent plus de 85 % de Port-au-Prince et des routes principales qui sillonnent le pays. Cette domination prive les familles d’accès à la nourriture, aux soins de santé et à la protection. Elle force également les travailleurs humanitaires à mettre leur propre vie en péril pour atteindre ceux qui en ont le plus besoin.
Des efforts bravos mais insuffisants
Depuis le début de 2025, l’UNICEF et ses partenaires n’ont pas abandonné la lutte. Ils ont :
— Traité plus de 86 000 enfants atteints d’émaciation
— Fourni des soins de santé à 117 000 personnes
— Assuré l’accès à l’eau potable pour 140 000 individus
— Réintégré plus de 178 enfants qui avaient été associés à des groupes armés
Ces chiffres, bien que significatifs, pâlissent face à l’ampleur du désastre. Comme un pansement sur une blessure béante, ces efforts humanitaires rappellent combien il reste à faire.
Un appel urgent à la conscience mondiale
L’UNICEF ne mâche pas ses mots : « Les enfants d’Haïti ne peuvent pas attendre », insiste Catherine Russell. L’organisation lance un appel pressant à la communauté internationale pour qu’elle renforce immédiatement son soutien. Les priorités sont claires : garantir des abris sûrs, un accompagnement psychosocial, un accès à l’éducation, à la santé, à la nutrition et à l’eau potable.
« Ils méritent d’être en sécurité, de grandir en bonne santé et de vivre en paix », affirme Russell. « Il est de notre responsabilité d’agir dès maintenant. »
Et nous, que pouvons-nous faire ?
Pour les Haïtiens vivant en Haïti et dans la diaspora, ces chiffres ne sont pas qu’une statistique froide — c’est le visage d’un enfant du quartier, d’un cousin resté au pays, d’une nation entière qui souffre. Chacun, selon ses moyens, peut contribuer à cette lutte : donations, sensibilisation, plaidoyer politique auprès de gouvernements, ou tout simplement parler de cette crise oubliée par trop de regards.
Haïti traverse peut-être sa tempête la plus féroce. Mais avec la solidarité internationale — et surtout avec la détermination collective des Haïtiens eux-mêmes — une lumière peut encore percer ces ténèbres. Les enfants d’Haïti ne peuvent pas attendre. Le moment d’agir est maintenant.