Le président colombien Gustavo Petro a effectué une visite éclair mais stratégique en Haïti ce vendredi 18 juillet. Défense, formation, santé et agriculture : découvrez les axes concrets de cette alliance qui pourrait transformer l’avenir d’Haïti.
La diplomatie haïtiano-colombienne franchit une nouvelle étape. Après six mois seulement depuis sa première visite, le président Gustavo Petro a de nouveau posé le pied sur le sol haïtien, confirmant l’engagement ferme de la Colombie à accompagner Haïti dans sa reconstruction. Une visite courte certes, mais aux retombées potentiellement durables.
Une rencontre au sommet axée sur les priorités haïtiennes
Dans une interview exclusive accordée au Nouvelliste le lendemain de la rencontre, Fritz Alphonse Jean, président du Conseil présidentiel de transition (CPT), a levé le voile sur les discussions menées à la Villa d’Accueil. Quatre domaines stratégiques ont été au cœur des échanges bilatéraux : la défense, la formation, l’agriculture et la santé.
« La défense et la santé sont des priorités », a souligné Fritz Jean, « car le pays essaie de renforcer ses institutions tout en luttant contre une crise de sécurité persistante. » Des mots qui résonnent particulièrement dans le contexte actuel haïtien, où l’insécurité gangrène le quotidien des citoyens.
Formation : Un défi majeur face à la fuite des cerveaux
L’un des points les plus préoccupants abordés lors des discussions concerne la formation. « Le Brésil et la Colombie ont des institutions de formations importantes. Nous envisageons aussi d’établir une coopération de formation avec la Colombie », a révélé le président du CPT.
Cette coopération tombe à point nommé : Haïti traverse une hémorragie de ses talents, avec des milliers de professionnels qualifiés qui quittent le pays chaque année. Médecins, ingénieurs, enseignants… La diaspora haïtienne s’enrichit pendant qu’Haïti s’appauvrit de ses compétences. Une collaboration avec la Colombie pourrait contribuer à former une nouvelle génération de professionnels capables de reconstruire le pays.
Une visite écourtée mais riche en symboles
Si la visite du président Petro s’est avérée plus courte que prévu, c’est pour des raisons logistiques bien précises. « Dans les premières planifications de sa visite, il était prévu que le président Petro passe la nuit à Port-au-Prince », explique Fritz Jean. « Il y a eu quelques changements puisque ce dimanche sera la fête nationale de la Colombie. »
Malgré ces contraintes de temps, Gustavo Petro a tenu à participer personnellement à la cérémonie d’ouverture de l’ambassade colombienne, prononçant un discours remarqué sur « les liens historiques entre Haïti et la Colombie, en insistant sur l’importance de notre pays dans les luttes pour l’indépendance en Amérique latine. »
Sécurité : Une priorité commune face aux défis transnationaux
Le conseil des ministres binational, qui s’est prolongé plus longtemps que prévu, s’est principalement concentré sur les questions sécuritaires. Les autorités des deux pays ont exploré « les moyens de renforcer leur coopération dans le domaine de la sécurité », notamment « la lutte contre la criminalité transnationale » et « les stratégies conjointes visant à promouvoir la stabilisation et la sécurité dans la région. »
Cette coopération sécuritaire prend tout son sens quand on sait que la Colombie possède une expertise reconnue dans la lutte antidrogue et contre les groupes armés illégaux – des défis que connaît aussi Haïti avec ses gangs armés.
La culture comme pont entre les peuples
Un détail révélateur de l’approche du président colombien : c’est lui-même qui avait souhaité qu’un spectacle de danse soit organisé en son honneur à l’hôtel Karibe. Bien qu’il n’ait finalement pas pu y assister, « cette initiative montre son intérêt pour la richesse afro-caribéenne et les racines que les deux pays partagent », souligne Fritz Jean.
Cette sensibilité culturelle du leader colombien, qui possède selon le président du CPT « des connaissances approfondies de la culture afro-caribéenne », pourrait faciliter une coopération qui va au-delà des aspects purement techniques.
Si aucun accord officiel n’a été signé lors de cette visite, les bases d’une collaboration durable semblent solidement posées. Pour les Haïtiens, qu’ils soient au pays ou dans la diaspora, cette alliance avec la Colombie représente peut-être l’une des lueurs d’espoir les plus concrètes de ces derniers mois. Reste maintenant à transformer ces promesses diplomatiques en projets tangibles qui amélioreront réellement le quotidien du peuple haïtien.