Les voisins caribéens d’Haïti disent « oui » à la transformation de la mission de sécurité en Force de suppression des gangs. Un soutien régional qui pourrait peser lourd dans la balance au Conseil de sécurité de l’ONU.
Le message est clair : la Caraïbe ne restera pas les bras croisés face au chaos haïtien. Dans un communiqué publié le 7 septembre, la Communauté des Caraïbes (Caricom) apporte son soutien sans réserve au projet américano-panaméen de transformer l’actuelle Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en une « Force de suppression des gangs » (GSF) plus musclée.
« Le peuple haïtien souffre depuis bien trop longtemps »
Pour la Caricom, l’urgence ne souffre plus d’aucun délai. L’organisation régionale dresse un constat accablant : « recrudescence des assassinats, des enlèvements, des violences basées sur le genre, perte de territoires et déplacement massif de personnes aux mains des gangs armés ». Des mots qui résonnent douloureusement pour tous ceux qui ont vécu ou connaissent la réalité haïtienne actuelle.
Cette prise de position intervient alors que le Conseil de sécurité de l’ONU examine la proposition déposée par les États-Unis et le Panama le 28 août dernier. Un timing qui n’a rien d’anodin : la Caricom veut peser dans le débat et rappeler que pour les pays voisins, la crise haïtienne n’est pas qu’un problème lointain.
Une force de 5 500 agents avec un mandat « robuste »
Le projet de résolution prévoit des changements substantiels. La nouvelle force disposerait d’un plafond de 5 500 agents en uniforme et 50 civils, avec un « mandat robuste » – un terme diplomatique pour dire qu’elle aura plus de moyens d’action que l’actuelle MMAS dirigée par le Kenya.
Innovation importante : la création d’un Bureau de soutien de l’ONU en Haïti pour épauler cette force. Contrairement aux salaires des troupes qui continueront d’être financés par des contributions volontaires, ce bureau sera financé directement par les contributions des États membres de l’ONU.
L’écho de la « tempête parfaite »
La Caricom reprend les mots forts du secrétaire général de l’ONU qui décrivait récemment la situation haïtienne comme une « tempête parfaite de souffrances ». Cette formule frappe par sa justesse : entre l’insécurité, la crise politique, l’effondrement économique et les catastrophes naturelles, Haïti accumule en effet tous les malheurs.
Pour la diaspora haïtienne dispersée dans la Caraïbe – de la République dominicaine aux Bahamas, en passant par la Jamaïque et Trinidad – ce soutien régional représente plus qu’un simple geste diplomatique. C’est la reconnaissance que le drame haïtien dépasse les frontières et concerne toute la région.
Un signal fort avant le vote crucial
En appelant « les membres du Conseil de sécurité des Nations unies, en particulier les membres permanents » à considérer les conditions « désespérées et précaires » d’Haïti, la Caricom lance un appel direct aux grandes puissances. Russie, Chine, États-Unis, France et Royaume-Uni sont ainsi interpellés au nom de la solidarité humaine.
Ce soutien caribéen pourrait-il faire la différence dans les couloirs de l’ONU ? Pour les millions d’Haïtiens qui attendent désespérément un retour à la normale, chaque voix qui s’élève compte. L’espoir renaît peut-être du côté de ces voisins qui connaissent mieux que quiconque le prix de l’instabilité dans la région.