Après deux semaines dans l’obscurité suite à la fermeture de Péligre, la capitale haïtienne pourrait retrouver l’électricité grâce aux centrales de Carrefour. Une lueur d’espoir pour les millions d’haïtiens qui vivent cette crise énergétique au quotidien.

Pour les familles de Port-au-Prince qui utilisent des bougies pour éclairer leurs soirées, pour les commerçants de Pétion-Ville contraints de fermer boutique faute d’électricité, et pour nos compatriotes de la diaspora qui s’inquiètent pour leurs proches restés au pays, une annonce fait naître l’espoir : l’électricité pourrait bientôt revenir dans la capitale.

Une promesse officielle au Congrès patriotique

Le conseiller présidentiel Leslie Voltaire a créé la surprise lors du Kongrè patriyotik pou yon sovtaj nasyonal organisé vendredi à l’hôtel NH El Rancho. Face à une congressiste de Carrefour-Feuilles, il a déclaré sans détour : « Port-au-Prince sera bientôt alimentée. Nous nous apprêtons à substituer Péligre par Carrefour. »

Cette annonce intervient deux semaines après les événements dramatiques qui ont plongé la région métropolitaine dans le noir total. Les 17 et 18 juin derniers, la population de Mirebalais avait détruit plusieurs pylônes électriques, paralysant le système de distribution depuis la centrale hydroélectrique de Péligre.

Carrefour, la solution de secours

Contrairement à ce que beaucoup pensent, Haïti dispose de plusieurs sources d’énergie. L’Électricité d’Haïti (Ed’H) peut compter sur deux types de production : l’hydraulique (comme Péligre) et le thermique (les centrales de Carrefour I, II et III). C’est justement cette diversification que l’institution publique compte exploiter pour sortir de la crise.

Une source proche de l’Ed’H, contactée par nos confrères du Nouvelliste, a confirmé que des travaux sont en cours pour rendre opérationnelles les installations de Carrefour. « Une fois le système stabilisé, Port-au-Prince pourra être alimentée à tout moment », a-t-elle confié, tout en regrettant que cette information stratégique ait été révélée prématurément.

Les défis de la reconstruction

Mais la réalité technique est complexe. Même si l’État reprend le contrôle total de Péligre – qui ne souffre pas de problème de production mais d’acheminement –, au moins dix pylônes doivent être reconstruits. Un chantier titanesque qui nécessite des ressources financières importantes, des équipements spécialisés et une expertise technique dont le pays manque cruellement.

En attendant, l’Ed’H prévoit une stratégie d’alimentation rotative. Imaginez les quartiers de Port-au-Prince alimentés à tour de rôle, comme cela se pratique déjà dans certaines villes du pays. Ce n’est pas l’idéal, mais c’est mieux que l’obscurité totale.

Vers une indépendance énergétique ?

Cette crise révèle une problématique plus large : la vulnérabilité du système électrique haïtien. Depuis des années, l’Ed’H tente de réduire sa dépendance à Péligre en diversifiant ses sources d’énergie. Mais ces efforts butent sur un obstacle récurrent : l’approvisionnement en carburant pour les centrales thermiques.

L’institution espère également récupérer les 25 mégawatts de la centrale thermique d’E-Power, ce qui renforcerait significativement la production nationale. Un enjeu crucial quand on sait que Péligre ne fournissait plus que 36 mégawatts sur sa capacité nominale de 54, en raison de l’arrêt d’une turbine.

Que retenir ? Cette promesse de retour de l’électricité sonne comme une bouée de sauvetage pour des millions d’Haïtiens. Mais au-delà de l’urgence, cette crise nous rappelle l’importance cruciale d’investir dans un système énergétique robuste et diversifié. Car pour que nos enfants – qu’ils grandissent à Delmas, Brooklyn ou Montréal – puissent un jour rentrer dans un pays où appuyer sur l’interrupteur suffit à faire jaillir la lumière, il faudra plus que des solutions d’urgence. Il faudra une vision à long terme.

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