Washington boucle sa chancellerie après des affrontements armés à Tabarre. Une décision qui symbolise l’effondrement sécuritaire total d’un pays où plus de 3 000 personnes ont déjà été tuées en six mois.

Quand la première puissance mondiale confine ses diplomates dans leur bunker, c’est que la situation a vraiment basculé. Ce lundi 4 août 2025, les États-Unis ont annoncé la fermeture temporaire de leur ambassade à Port-au-Prince après de violents échanges de tirs dans le quartier de Tabarre, à proximité de leurs installations diplomatiques.

Tabarre sous les balles

« Évitez la zone », a lancé le département d’État américain sur X, confirmant ce que vivent quotidiennement les habitants de Port-au-Prince : l’impossible de sortir de chez soi sans risquer sa vie. Tabarre, cette commune située près de l’aéroport, est devenue un nouveau théâtre d’affrontements entre police et gangs criminels.

Pour les Haïtiens de la diaspora américaine, notamment ceux de Miami, New York ou Boston, cette fermeture d’ambassade représente bien plus qu’un simple incident diplomatique. C’est la porte qui se referme sur leurs derniers liens officiels avec le pays natal, rendant encore plus difficiles les démarches consulaires essentielles.

Quand un ancien sénateur tombe

Dans ce climat de violence généralisée, l’arrestation samedi de l’ancien sénateur Nenel Cassy dans un restaurant de Pétion-Ville fait écho aux accusations qui pèsent sur une partie de la classe politique haïtienne. Recherché depuis février pour « complot contre la sûreté de l’État » et « financement d’organisations criminelles », Cassy incarne cette élite accusée d’avoir nourri le monstre qu’elle prétend aujourd’hui combattre.

Cette arrestation rappelle douloureusement aux Haïtiens que leurs propres dirigeants ont souvent été complices de la destruction de leur pays. Une réalité que connaissent bien ceux qui ont fui vers l’étranger, emportant avec eux les cicatrices d’un pays livré aux appétits criminels.

3 141 morts en six mois : l’hécatombe continue

Les chiffres de l’ONU tombent comme un couperet : plus de 3 000 personnes tuées entre janvier et juin 2025. Des statistiques qui cachent des drames humains que connaissent intimement les familles haïtiennes, qu’elles soient restées au pays ou dispersées aux quatre coins du monde.

Ces morts, ce ne sont pas que des chiffres. Ce sont des parents qui ne rentreront jamais chez eux, des enfants orphelins, des rêves brisés. Chaque Haïtien de la diaspora porte en lui l’angoisse permanente de recevoir ce coup de fil annonçant qu’un proche a été touché par la violence.

L’onde de choc régionale

L’ONU s’alarme désormais que cette violence « ne déstabilise d’autres pays des Caraïbes ». Une crainte légitime quand on voit les flux migratoires s’intensifier vers la République dominicaine, les Bahamas ou la Jamaïque. Haïti n’exporte plus que sa misère et sa violence, transformant toute la région en zone à risque.

Pour les pays voisins, qui ont longtemps fermé les yeux sur la décomposition haïtienne, l’heure des comptes arrive. Car quand un État s’effondre complètement, les conséquences dépassent largement ses frontières.

L’isolement diplomatique se confirme

Après la France qui a suspendu ses activités consulaires en mars, après le Canada qui a réduit son personnel diplomatique, voici les États-Unis contraints de boucler leur ambassade. Haïti se retrouve progressivement coupée du monde, ses derniers ponts diplomatiques menacés par l’insécurité généralisée.

Cette isolation diplomatique aggrave encore l’agonie d’un pays qui avait pourtant été le premier à abolir l’esclavage et à proclamer l’indépendance des peuples noirs. Un symbole tragique de déchéance pour une nation qui avait montré la voie de la liberté au monde entier.

Quand même l’ambassade américaine doit fermer ses portes, c’est que Haïti a touché le fond. Mais existe-t-il encore un fond dans cette chute libre qui semble sans fin ? Pour les millions d’Haïtiens qui espèrent encore, la question reste ouverte. Et vous, pensez-vous qu’Haïti puisse encore s’en sortir, ou le pays est-il définitivement perdu ?

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