Le représentant permanent du Canada aux Nations unies, Bob Rae, a effectué une visite de travail en Haïti fin octobre. Au programme : rencontres avec les forces de sécurité, la société civile et réaffirmation de l’engagement canadien aux côtés du peuple haïtien dans sa quête de stabilité.
Une visite centrée sur la sécurité
Bob Rae, qui préside également le Conseil économique et social de l’ONU (ECOSOC), n’a pas fait le déplacement à Port-au-Prince par hasard. Le 21 octobre, il s’est rendu au siège de la Force de répression des gangs (FRG), où il a pu constater de visu le travail accompli par les forces de sécurité haïtiennes et internationales dans leur lutte contre l’insécurité galopante.
Selon le communiqué publié par la FRG, le diplomate canadien « a salué le dévouement, le professionnalisme et les sacrifices des officiers, tout en réaffirmant l’engagement des Nations unies à faire en sorte que la GSF [Global Security Force] continue à jouer un rôle transformateur dans la restauration de la stabilité et la lutte contre l’insécurité liée aux gangs en Haïti ».
Pour la diaspora haïtienne au Canada, particulièrement nombreuse à Montréal et dans les grandes villes canadiennes, cette visite témoigne de l’intérêt maintenu d’Ottawa pour la situation du pays d’origine, même si beaucoup restent critiques sur l’efficacité réelle de l’aide internationale.
60 millions de dollars supplémentaires du Canada
Bob Rae a profité de sa visite pour annoncer une contribution additionnelle du Canada de 60 millions de dollars. Cette enveloppe comprend notamment un soutien à une Initiative régionale de sécurité maritime visant à renforcer la capacité régionale de lutte contre la criminalité transnationale organisée en Haïti et dans la grande Caraïbe.
Le diplomate a également souligné l’engagement du Canada à assurer une transition fluide et harmonieuse entre l’ancienne MMAS (Mission multinationale d’appui à la sécurité) et la nouvelle GSF. « Les leçons apprises et les meilleures pratiques de la mission précédente sont intégrées dans le nouveau cadre opérationnel », a-t-il précisé, espérant éviter les erreurs du passé.
L’ambassadeur canadien a également visité l’unité des opérations aériennes dirigée par Le Salvador, où il a inspecté deux hélicoptères récemment arrivés. Ces équipements, essentiels pour surveiller et intervenir dans les zones contrôlées par les gangs, représentent un atout stratégique pour les forces de sécurité.
Rencontre avec le patron de la PNH
Bob Rae n’a pas manqué de rencontrer le directeur général de la Police nationale d’Haïti (PNH), Vladimir Paraison. Au menu des discussions : les opérations menées par la police, les défis identifiés sur le terrain, les engagements du Canada et les demandes de soutiens prioritaires formulées par la PNH.
Selon le communiqué de l’institution policière, ces échanges ont permis de dresser un état des lieux réaliste de la situation sécuritaire et d’identifier les besoins les plus urgents. La PNH, régulièrement critiquée pour son manque de moyens et de formation, espère obtenir davantage de soutien logistique et financier de la part de ses partenaires internationaux.
La société civile au cœur des préoccupations
Au-delà des questions sécuritaires, Bob Rae a également rencontré des membres de la société civile haïtienne. L’ambassade du Canada a souligné sur les réseaux sociaux que ces discussions ont porté sur « l’importance des organisations de la société civile et la nécessité de placer au cœur des décisions politiques les voix et les besoins des femmes et des jeunes ».
Cette rencontre témoigne d’une volonté d’adopter une approche plus inclusive dans la résolution de la crise haïtienne. Trop souvent, les décisions concernant Haïti sont prises sans véritable consultation des premiers concernés : les Haïtiens eux-mêmes, et particulièrement les femmes et les jeunes qui paient le plus lourd tribut à l’insécurité et à l’instabilité.
Un engagement réaffirmé
Dans une publication sur Facebook, l’ambassade du Canada a résumé l’esprit de cette visite : « L’ambassadeur du Canada à l’ONU Bob Rae a effectué une visite en Haïti, au cours de laquelle il s’est entretenu avec les forces vives du pays. Il a réaffirmé l’engagement du Canada à se tenir aux côtés du peuple haïtien pour le rétablissement de la paix, la stabilité et la justice. »
Des mots qui résonnent particulièrement pour les centaines de milliers d’Haïtiens vivant au Canada, qui suivent avec anxiété l’évolution de la situation dans leur pays d’origine. Entre espoir et scepticisme, la communauté haïtienne attend de voir si ces engagements se traduiront par des changements concrets sur le terrain.
Après les promesses, place aux actes
La visite de Bob Rae s’inscrit dans une longue série de missions diplomatiques en Haïti. Reste à savoir si cette nouvelle enveloppe de 60 millions de dollars et les engagements pris auront un impact réel sur la situation sécuritaire du pays. Les Haïtiens, fatigués des promesses non tenues, attendent des résultats tangibles : des routes sécurisées, des gangs neutralisés et un retour à une vie normale. Le Canada tiendra-t-il ses engagements ? La diaspora et les citoyens en Haïti observent et espèrent.
