Les attaques armées ont forcé l’évacuation de plusieurs centres d’examens de 9e année fondamentale à Lascahobas ce jeudi. Des centaines d’élèves ont vu leurs espoirs d’éducation menacés par la violence qui sévit dans cette région stratégique du Plateau central.

Ce devait être un jour de fierté pour ces jeunes Haïtiens passant leurs examens officiels de 9e année fondamentale. Mais jeudi 3 juillet, à Lascahobas, la violence des gangs a une fois de plus montré son visage le plus cruel : celui qui s’attaque à l’avenir de nos enfants. Les attaques armées sur la route reliant Mirebalais à Lascahobas via Desvarieux ont contraint les autorités éducatives à évacuer plusieurs centres d’examens en urgence.

Quand les balles remplacent les crayons

Dès les premières heures de la journée, les groupes armés lourdement équipés ont semé la terreur dans les zones périphériques de la commune. Le spectacle est désolant : des familles en fuite, des écoles aux portes closes, des élèves privés de leur droit fondamental à l’éducation.

« Nous avons reçu l’ordre du MENFP de vider les lieux pour éviter le pire chez les candidats », confie un directeur d’école sous couvert d’anonymat. Cette décision, aussi nécessaire soit-elle, illustre la tragique réalité d’un pays où même les salles d’examen ne sont plus des sanctuaires.

Pour comprendre l’ampleur du drame, il faut se rappeler que depuis le 1er avril 2025, de nombreux élèves de Mirebalais et de Saut-d’Eau ont été contraints de quitter leur domicile à pied, certains sans uniformes ni documents. Quelques-uns ont pu composer à Hinche après un long déplacement dans des conditions précaires qui rappellent les pires moments de notre histoire.

L’éducation prise en otage

La Direction départementale de l’Éducation nationale reconnaît que la situation à Lascahobas est « extrêmement préoccupante » et nécessite une réponse d’urgence. Des brigadiers de la protection civile tentent tant bien que mal d’offrir un soutien psychologique aux élèves déplacés, mais comment consoler des enfants dont l’avenir vient d’être brisé par des balles perdues ?

« C’est triste de voir des enfants aussi déterminés, obligés de fuir sous les balles juste pour passer un examen », témoigne Jean-Claude Dumery, brigadier et journaliste correspondant. Ces mots résonnent comme un cri du cœur face à l’absurdité de la situation.

Cette tragédie rappelle à tous les Haïtiens, qu’ils soient en Haïti ou dans la diaspora, que l’éducation – cette échelle sociale qui permettait à nos parents et grands-parents de gravir les échelons – est aujourd’hui menacée par la violence aveugle.

Un espoir qui résiste malgré tout

Malgré ces obstacles insurmontables, des milliers de jeunes ont pu composer dans les communes périphériques, portés par un espoir qui force l’admiration. Le MENFP s’est engagé à prendre en compte les cas spéciaux et à garantir une équité dans le traitement des résultats.

Mais au-delà des promesses bureaucratiques, c’est bien la question de l’avenir de notre jeunesse qui se pose. Comment un pays peut-il espérer se développer quand ses enfants doivent choisir entre étudier et survivre ?

Ces images d’élèves fuyant les centres d’examens sous les balles resteront gravées dans la mémoire collective haïtienne. Elles symbolisent l’urgence absolue de restaurer la paix dans nos campagnes. Car tant que les gangs dicteront leur loi, nos enfants continueront de payer le prix fort d’une crise qui les dépasse. L’éducation, cette fierté haïtienne, mérite mieux que des salles d’examen transformées en champs de bataille.

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