Trois mois après sa disparition, l’icône de la littérature haïtienne Frankétienne reçoit la Médaille d’Honneur du Sénat français. Une reconnaissance qui résonne comme un vibrant hommage à l’un des plus grands ambassadeurs de la culture haïtienne dans le monde.

Dans les jardins prestigieux de la Présidence du Sénat français, à Paris, une cérémonie empreinte d’émotion s’est déroulée le jeudi 22 mai 2025. Jean-Pierre Basilic Dantor d’Argent Frank Etienne, connu sous le nom de Frankétienne, a reçu à titre posthume la Médaille d’Honneur du Sénat français, remise à sa cousine Guerda Cadostin en présence de sa veuve Marie-André Etienne.

Une initiative diplomatique qui honore Haïti

Cette distinction exceptionnelle n’est pas le fruit du hasard. C’est grâce à une démarche proactive de l’Ambassade d’Haïti en France, menée par l’ambassadeur Louino Volcy, que cette reconnaissance a vu le jour. « L’initiative de l’Ambassade de demander au Sénat français de décerner le prix de cette année à titre posthume à Frankétienne est une façon pour notre Mission diplomatique de rendre hommage à cette figure emblématique », a souligné le diplomate haïtien.

La cérémonie, organisée dans le cadre de l’ouverture des Semaines de l’Amérique latine et des Caraïbes, a rassemblé plusieurs personnalités de marque : le ministre de la Culture Patrick Delatour, l’ambassadrice Lilas Desquiron (déléguée permanente d’Haïti auprès de l’UNESCO), ainsi que Darline Cothière, ancienne lauréate du prix.

Gérard Larcher salue « un alchimiste des mots »

Le président du Sénat français, Gérard Larcher, n’a pas tari d’éloges sur l’œuvre de Frankétienne. « C’est un alchimiste des mots. Toujours aux côtés des plus démunis. Son arme, à lui, c’était la plume », a-t-il déclaré, rappelant que l’écrivain haïtien avait sa « place aux côtés des plus grands auteurs francophones ».

Larcher a également mis en avant le spiralisme, ce mouvement littéraire et artistique créé par Frankétienne, et a cité l’une de ses phrases les plus inspirantes : « Le rêve est le premier des chemins qui conduisent à la liberté. Rêver, c’est déjà être libre. »

Une autre citation de Frankétienne, devenue célèbre sur les quais du métro parisien, a marqué les esprits : « S’il arrive que tu tombes, apprends vite à chevaucher ta chute, que ta chute devienne cheval pour continuer le voyage. » Ces mots résonnent particulièrement fort pour la diaspora haïtienne, qui a souvent dû transformer ses difficultés en force pour réussir à l’étranger.

Un héritage qui traverse les frontières

Frankétienne, décédé le 20 février 2025 à l’âge de 88 ans, laisse derrière lui une œuvre monumentale qui dépasse les frontières d’Haïti. Dramaturge, peintre, musicien, chanteur et enseignant, il avait déjà été couronné du Grand Prix de la Francophonie de l’Académie française en 2021, consacrant son statut d’écrivain universel.

Cette reconnaissance posthume du Sénat français témoigne de l’impact de son œuvre bien au-delà des Caraïbes. Pour les Haïtiens de France, cette cérémonie constitue un moment de fierté nationale, rappelant que la créativité haïtienne continue de rayonner sur la scène internationale.

Une promesse d’avenir pour la culture haïtienne

L’Ambassade d’Haïti en France a exprimé sa gratitude envers le Sénat français pour « cette marque de considération envers Frankétienne, également figure majeure des relations culturelles haïtiano-françaises ». Plus encore, la mission diplomatique s’est engagée à « continuer à valoriser la culture haïtienne dans toutes ses expressions en France ».


Cette distinction posthume soulève une question essentielle : comment pouvons-nous, en tant que nation, mieux célébrer et promouvoir nos talents culturels de leur vivant ? L’hommage rendu à Frankétienne par la France nous rappelle la richesse inestimable de notre patrimoine artistique et l’importance de le faire rayonner, ici comme à l’étranger.

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