Paris, 31 janvier 2025 – En pleine tournée en Europe, Leslie Voltaire, président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), a déclaré que le Conseil n’a aucune provision légale pour expulser Emmanuel Vertilaire, Smith Augustin et Louis Gérald Gilles, les trois conseillers-présidents inculpés dans le scandale de corruption impliquant la Banque Nationale de Crédit (BNC).
S’exprimant aux micros de France 24 et RFI, le représentant de Fanmi Lavalas au sein du CPT a insisté sur le fait que seule la justice est habilitée à décider du sort des trois conseillers mis en cause.
« Le Conseil Présidentiel de Transition est une instance issue de l’accord du 3 avril 2024, signé par plusieurs secteurs politiques, économiques et de la société civile. Nous ne pouvons pas nous substituer à la justice », a affirmé Leslie Voltaire.
Une enquête qui divise
L’affaire BNC, qui secoue les hautes sphères de l’État, a pris un tournant en décembre dernier lorsque les trois conseillers-présidents ont refusé de répondre à la convocation du juge Benjamin Phélismé, en charge du dossier. Leurs avocats avancent que, de par leur statut, ils ne peuvent être jugés que par la Haute Cour de Justice, une juridiction qui n’est pas encore fonctionnelle sous le régime de la transition.
Ces déclarations interviennent alors que Leslie Voltaire poursuit une série de rencontres diplomatiques en Europe. En France, il a notamment échangé avec le Pape François, le président Emmanuel Macron et la secrétaire générale de l’OIF, Louise Mushikiwabo, dans un effort de renforcement des relations internationales et de recherche de soutien pour la stabilisation d’Haïti.
Un test pour la transition
Ce scandale met le CPT face à un véritable dilemme institutionnel. D’un côté, les exigences de transparence et de lutte contre la corruption, et de l’autre, l’absence de cadre légal permettant une action directe contre les conseillers incriminés.
Cette affaire risque de fragiliser davantage la transition politique en Haïti et de tester la crédibilité du Conseil dans sa capacité à gérer des crises internes. La pression monte alors que la population et plusieurs organisations réclament des sanctions immédiates contre les officiels impliqués dans des actes de corruption.