Après les États-Unis, c’est au tour de l’ONU de brandir le bâton des sanctions contre les coalitions de gangs qui terrorisent Haïti. Mais sur le terrain, la réalité reste amère : les criminels continuent leur progression meurtrière sans se soucier des mesures internationales.
Le message est clair : la communauté internationale ne compte pas rester les bras croisés face à l’escalade de violence qui ensanglante Haïti. Le 8 juillet 2025, le Conseil de sécurité de l’ONU a officiellement inscrit les coalitions « Viv ansanm » et « Gran grif » sur sa liste noire des organisations sanctionnées, emboîtant le pas à l’administration Trump qui les avait désignées comme organisations terroristes en mai dernier.
Des chiffres qui glacent le sang
Les statistiques dévoilées par le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, donnent la mesure du désastre : au moins 2 680 personnes tuées entre janvier et mai 2025, dont 54 enfants. À ces morts s’ajoutent 957 blessés et 316 enlèvements contre rançon. Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg.
« Aussi alarmants soient-ils, ces chiffres ne peuvent exprimer les horreurs que les Haïtiens sont contraints de subir au quotidien », a déclaré M. Türk. Des mots qui résonnent douloureusement dans chaque foyer haïtien, que ce soit dans les quartiers populaires de Port-au-Prince ou dans les communautés de la diaspora qui voient leur pays natal sombrer dans le chaos.
La contagion s’étend : Mirebalais et Lascahobas sous le choc
Ce qui inquiète particulièrement les observateurs, c’est l’expansion géographique de la violence. Fini le temps où les gangs se contentaient de leurs fiefs de la capitale. Depuis mars 2025, ils ont jeté leur dévolu sur Mirebalais, au centre du pays, saccageant postes de police et propriétés privées, libérant plus de 515 détenus de la prison locale.
Après Mirebalais, c’est Lascahobas qui a subi le même sort, contraignant des milliers d’habitants à l’exode. Au total, 1,3 million de personnes sont désormais déplacées par la violence – un chiffre record qui illustre l’ampleur du drame humanitaire.
Sanctions internationales vs réalité du terrain
L’inscription de ces groupes sur la liste des sanctions onusiennes permet théoriquement à Interpol de traquer leurs dirigeants. Mais la question demeure : ces mesures auront-elles un impact concret sur le terrain ?
La réponse semble malheureusement négative. Malgré les désignations et menaces de sanctions, les gangs poursuivent imperturbablement leur progression territoriale. Pire encore, l’incapacité des forces de l’ordre à rétablir la sécurité pousse des groupes d’autodéfense à prendre les choses en main, créant un cercle vicieux de violences.
L’urgence d’une réponse coordonnée
Pour les Haïtiens d’ici et d’ailleurs, ces nouvelles sanctions représentent à la fois un espoir et une frustration. Un espoir car elles témoignent de la mobilisation internationale face à la crise. Une frustration car, sur le terrain, les familles continuent de vivre dans la peur, les entreprises ferment leurs portes et les jeunes rêvent de partir.
Volker Türk l’a souligné : il est « profondément préoccupé par l’impact déstabilisateur sur d’autres pays de la région ». Une façon diplomatique de dire que la crise haïtienne menace de contaminer toute la Caraïbe.
Alors que les sanctions s’accumulent sur le papier, la question reste entière : quand les Haïtiens pourront-ils enfin reprendre une vie normale ? Entre les mesures internationales et la réalité du terrain, l’écart semble encore immense. Il est temps que les paroles se transforment en actions concrètes pour briser cette spirale de violence qui n’épargne personne.