L’ouragan Erin, premier de la saison atlantique, fonce vers les Bahamas avec des vents de 220 km/h après avoir semé la dévastation à Porto Rico. Haïti et la République dominicaine sont désormais dans la ligne de mire de ce phénomène extrême qui continue de se renforcer.
Lundi matin, les Haïtiens scrutent anxieusement les prévisions météorologiques. L’ouragan Erin, reclassé en catégorie 4 dans la nuit, menace directement la région avec une puissance dévastatrice. Après avoir causé des dégâts considérables à Porto Rico, ce cyclone historiquement précoce se dirige vers les Bahamas en passant dangereusement près d’Haïti.
Un géant des Caraïbes aux proportions inquiétantes
Avec des vents soutenus atteignant 220 km/h, Erin survolait lundi matin l’île de Grand Turk dans l’archipel des Turques-et-Caïques. Le Centre National des Ouragans américain (NHC) prévoit que le cyclone va « croître de manière plutôt spectaculaire », selon les mots de son directeur Michael Brennan.
Cette intensification rapide n’est pas sans rappeler l’ouragan Matthew qui avait ravagé Haïti en octobre 2016, faisant plus de 500 morts et des milliers de sinistrés. Pour un pays où les infrastructures restent fragiles et où de nombreuses familles vivent encore sous des tôles, chaque alerte cyclonique ravive des traumatismes bien réels.
Haïti et la République dominicaine en état d’alerte
Le NHC met en garde contre de « fortes averses localisées » qui frapperont lundi Haïti et la République dominicaine. Ces pluies torrentielles font craindre des inondations soudaines, particulièrement dans les zones urbaines déjà vulnérables comme Port-au-Prince, où le système de drainage défaillant transforme chaque forte pluie en catastrophe.
Les autorités haïtiennes, déjà confrontées à une crise sécuritaire majeure, doivent maintenant gérer cette menace naturelle supplémentaire. Dans un pays où 60% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour, les moyens d’évacuation et de protection restent limités.
Porto Rico : un avant-goût des dégâts possibles
Le passage d’Erin à Porto Rico offre un aperçu inquiétant de ce qui pourrait attendre Haïti. L’île américaine, pourtant mieux équipée que sa voisine, a vu 150 000 foyers privés d’électricité, des routes submergées et des arbres abattus par les vents. La compagnie électrique Luma a travaillé d’arrache-pied pour rétablir le courant à 96% de ses clients.
Pour Haïti, où le réseau électrique ne dessert qu’une minorité de la population et reste extrêmement précaire, les conséquences pourraient être bien plus dramatiques et durables.
Une menace qui s’étend vers les États-Unis
Après les Caraïbes, Erin poursuit sa route vers le nord-ouest, menaçant la côte est américaine. « Cela va créer des conditions maritimes très dangereuses et augmenter le risque de vagues potentiellement mortelles », avertit Michael Brennan.
Des évacuations préventives ont déjà été ordonnées en Caroline du Nord. Cette mobilisation contraste avec les moyens limités dont disposent les pays caribéens pour faire face à de tels phénomènes.
Le réchauffement climatique change la donne
Les scientifiques sont formels : le changement climatique rend ces ouragans plus intenses et plus imprévisibles. Les mers réchauffées alimentent des tempêtes plus puissantes, comme l’avait déjà démontré l’ouragan Hélène en 2024, qui avait fait plus de 200 morts aux États-Unis.
Pour les petits États insulaires comme Haïti, cette réalité climatique représente un défi existentiel. Chaque saison cyclonique devient une épreuve de survie pour des populations déjà fragilisées par l’instabilité politique et économique.
La diaspora haïtienne mobilisée
À Miami, New York ou Montréal, les communautés haïtiennes suivent avec angoisse l’évolution d’Erin. Les réseaux sociaux s’activent pour organiser une solidarité préventive, sachant qu’après chaque catastrophe naturelle, ce sont souvent les envois de fonds de la diaspora qui permettent aux familles de se relever.
Alors qu’Erin poursuit sa route destructrice, Haïti retient son souffle. Ce pays, qui a déjà tant souffert, trouvera-t-il une fois de plus la force de résister aux caprices de la nature ? Les prochaines heures seront cruciales pour des millions d’Haïtiens qui espèrent que ce géant des Caraïbes épargnera leur terre déjà meurtrie.