Deux jours après son installation, le nouveau directeur général par intérim Vladimir Paraison déploie sa stratégie de commandement. Il vient de nommer les piliers de son état-major, signalant une volonté de reprendre le contrôle dans un contexte sécuritaire explosif.

L’efficacité avant tout. C’est le message que semble vouloir envoyer Vladimir Paraison en organisant rapidement son état-major au sommet de la Police nationale d’Haïti (PNH). Installé vendredi 8 août, le nouveau directeur général par intérim n’a pas traîné : dès le weekend, il a mis en place les quatre piliers de son commandement.

Cette organisation méthodique de l’état-major, communiquée via les réseaux sociaux de la PNH, révèle une approche structurée face à l’urgence sécuritaire. Pour les Haïtiens qui attendent des signaux forts de la part de leur police nationale, cette rapidité d’action constitue déjà un premier message.

Berson Soljour, l’homme de confiance au cabinet

Pour diriger son cabinet, Vladimir Paraison a fait appel à l’inspecteur général Berson Soljour, un policier chevronné qui connaît les rouages de l’institution. Ancien directeur départemental dans des zones stratégiques comme l’Artibonite, la Grand’Anse et l’Ouest, Soljour n’est pas un novice. Il avait déjà occupé le poste de directeur central de la police administrative (DCPA) sous Rameau Normil en 2020.

Ce choix n’est pas anodin : Soljour a l’expérience des zones difficiles, notamment l’Artibonite et l’Ouest, des départements où les gangs exercent une pression constante. Pour les Haïtiens qui vivent dans ces régions ou qui ont de la famille sur place, ce profil inspire une certaine confiance.

Jacques Joël Orival reprend la police administrative

La nomination de l’inspecteur général Jacques Joël Orival comme nouveau directeur central de la police administrative (DCPA) constitue un autre signal fort. Orival, qui remplace Arol Enol Alphonse (transféré au cabinet), connaît bien les défis de cette fonction. Ancien directeur départemental dans le Sud et adjoint au DCPA sous Léon Charles, il apporte une expérience précieuse dans la gestion des affaires civiles et administratives.

Cette nomination intervient à un moment où la police administrative doit composer avec des défis énormes : délivrance de documents dans un contexte d’insécurité, maintien des services publics de base, coordination avec les autorités civiles dans des zones sous contrôle des gangs.

Alain Auguste : l’expérience au service de la logistique

L’arrivée d’Alain Auguste à la tête de la Direction centrale de l’administration et des services généraux (DCASG) marque peut-être le changement le plus stratégique. Ancien directeur départemental de l’Ouest et vétéran ayant servi sous Frantz Elbé et Rameau Normil, Auguste hérite d’un secteur crucial : la logistique et l’administration.

Dans un contexte où la PNH manque cruellement de moyens – véhicules, carburant, équipements, munitions – ce poste revêt une importance capitale. Pour les policiers sur le terrain qui attendent du matériel et pour les familles qui espèrent voir leurs proches en uniforme mieux équipés face aux gangs surmilitarisés, Auguste porte une lourde responsabilité.

Frenel Saintil aux commandes de la logistique

La nomination du commissaire divisionnaire Frenel Saintil à la direction de la logistique, en remplacement de l’inspecteur général Rony Bazil Antoine, complète ce puzzle stratégique. La direction de la logistique, décrite comme « un organe très technique », doit aujourd’hui relever des défis considérables dans un environnement hostile.

Un test grandeur nature

Ces nominations interviennent dans un contexte où la PNH fait face à une pression sans précédent. Les attaques répétées des groupes criminels, leur emprise sur des portions importantes du territoire national, et les attentes immenses de la population créent un environnement où chaque décision compte.

Pour la diaspora haïtienne qui suit avec angoisse l’évolution sécuritaire du pays, ces changements représentent un nouvel espoir. Mais l’expérience a appris aux Haïtiens à juger sur les actes plutôt que sur les promesses.

Vladimir Paraison et son nouvel état-major sauront-ils relever le défi colossal qui les attend ? Dans un pays où l’insécurité paralyse l’économie et traumatise les familles, cette organisation rapide du commandement constitue un premier signal. Mais l’épreuve de vérité se jouera sur le terrain, là où les Haïtiens attendent des résultats concrets face aux gangs qui terrorisent leurs quartiers.

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