L’installation du nouveau commissaire du gouvernement Guy Alexis a tourné au fiasco. Pierre Espérance du RNDDH pointe du doigt la maladresse du ministre Pélissier dans cette affaire qui révèle les dysfonctionnements de notre système judiciaire.
Une nomination qui devait être une simple formalité s’est transformée en casse-tête administratif. L’installation de Me Guy Alexis comme nouveau commissaire du gouvernement du Parquet de Port-au-Prince a échoué, obligeant le ministre de la Justice Patrick Pélissier à faire marche arrière et à nommer Me Roosevelt Cadet à la place de Frantz Monclair.
Un ministre pointé du doigt
Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), ne mâche pas ses mots. Selon lui, cet échec est le résultat direct de « la maladresse, l’incompétence et le manque d’élégance » du ministre Pélissier.
Le reproche principal ? Le ministre aurait procédé au transfert de Me Alexis depuis le Parquet de Croix-des-Bouquets sans consulter le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ). Une erreur de procédure qui a donné des munitions aux opposants à cette nomination.
« Il n’a pas su développer des relations harmonieuses avec les membres du CSPJ », déplore Pierre Espérance. Dans un pays où les relations personnelles et le dialogue institutionnel sont cruciaux, cette négligence diplomatique a des conséquences directes.
Un magistrat compétent sacrifié ?
Ironiquement, Me Guy Alexis jouit d’une bonne réputation professionnelle. « C’est un technicien compétent, un magistrat qui a fait ses preuves à Croix-des-Bouquets », souligne le responsable du RNDDH. Sa compétence n’était donc pas en cause, mais plutôt la manière dont son transfert a été géré.
Cette situation rappelle malheureusement un problème récurrent en Haïti : des décisions justes sur le fond qui échouent à cause de défaillances dans la forme et les procédures.
Une justice qui piétine
Au-delà de ce cas particulier, Pierre Espérance évoque « la bouteille à l’encre » que représente la politique pénale menée par le ministre Pélissier. Un exemple frappant : le dossier des trois conseillers-présidents Dr Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin, impliqués dans le scandale de corruption de la BNC.
Leur réquisitoire définitif attend depuis le 17 janvier 2025 – soit plus de sept mois – et reste bloqué au Parquet de Port-au-Prince. Pour nos compatriotes qui aspirent à une justice fonctionnelle, de tels blocages alimentent le sentiment d’impunité qui gangrène le pays.
Les conséquences d’un système défaillant
Cette affaire illustre parfaitement les maux de notre système judiciaire : manque de communication entre institutions, procédures non respectées, et au final, une justice qui peine à fonctionner efficacement.
Pour la diaspora haïtienne qui suit de près les efforts de reconstruction institutionnelle du pays, de tels dysfonctionnements sont particulièrement frustrants. Comment peut-on espérer lutter efficacement contre l’insécurité et la corruption avec des institutions qui se sabotent elles-mêmes ?
L’affaire Guy Alexis pourrait sembler anecdotique, mais elle révèle en réalité les défis structurels auxquels fait face Haïti pour reconstruire un État de droit digne de ce nom. Car au-delà des personnes, c’est bien la crédibilité de nos institutions qui est en jeu.