Le Secrétariat général de la Présidence a publié, le 1er décembre 2025, une nouvelle note exigeant des anciens agents la restitution immédiate des véhicules et matériels de l’État encore en leur possession. Une démarche présentée comme un effort de rigueur administrative et de bonne gouvernance, dans un contexte où la gestion des ressources publiques fait l’objet de critiques persistantes.

Mais derrière cette fermeté affichée, une zone d’ombre persiste.

Selon une source interne ayant requis l’anonymat, des membres de la famille proche de la secrétaire générale, Marie Régine Joseph Haddad, occuperaient au Palais national des postes qui ne correspondent à aucune fonction réelle, ni à aucun besoin opérationnel.
Ces “positions”, non documentées dans les organigrammes officiels, ne relèveraient d’aucune mission clairement définie, aucun rapport, aucune responsabilité administrative.

Malgré cela, poursuit notre source, ces individus bénéficieraient d’avantages normalement réservés aux hauts cadres de l’État : véhicule officiel, carburant, chauffeur dans certains cas, accès privilégié à certaines zones du Palais et participation à des réunions fermées.

Le contraste est frappant.

Au moment même où la Présidence menace de sanctions légales les anciens agents ayant tardé à remettre les biens publics, des proches – sans fonction clairement établie – circuleraient avec les mêmes types de véhicules dont on exige aujourd’hui la restitution.
Des privilèges qui, selon les normes administratives, sont strictement destinés aux directeurs, chefs de service et responsables occupant des rôles clés dans l’appareil étatique.

Ce type de favoritisme, s’il est avéré, remet en question l’efficacité et la légitimité de l’effort de redressement annoncé par l’Institution. Il soulève aussi une interrogation plus profonde, déjà familière aux citoyens :
comment une administration peut-elle prêcher la discipline tout en abritant des pratiques qui relèvent du népotisme ?

La gestion des biens publics reste l’un des points les plus sensibles du fonctionnement de l’État haïtien. Les ressources étant limitées, chaque avantage non justifié accordé à un proche prive une structure, un service ou un fonctionnaire légitime d’un outil nécessaire à son travail.

Si la Présidence veut réellement instaurer une culture de transparence et de reddition de comptes, elle devra d’abord répondre à ces allégations et clarifier les conditions dans lesquelles ces postes ont été attribués.
À défaut, la seconde note de rappel risque de paraître comme un geste sélectif, visant certains, mais épargnant ceux qui gravitent dans l’entourage immédiat du pouvoir.

En attendant, la demande de restitution des biens de l’État reste en vigueur.
Mais une question persiste : la rigueur administrative doit-elle s’arrêter aux portes de la famille ?

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