Le chef des affaires humanitaires de l’ONU entame une visite de trois jours dans un pays où la moitié de la population a besoin d’aide d’urgence. Mais avec seulement 12% des fonds nécessaires mobilisés, la communauté internationale répond-elle vraiment à l’appel de détresse d’Haïti ?

Tom Fletcher a posé le pied sur le sol haïtien ce lundi 8 septembre avec un message sans détour : « Les besoins sont immenses, tandis que les financements sont au plus bas. » Le chef des affaires humanitaires des Nations Unies ne mâche pas ses mots face à une réalité qui frappe chaque famille haïtienne, que ce soit à Port-au-Prince, dans les provinces ou même nos proches de la diaspora qui voient leur pays natal sombrer dans la crise.

Une crise humanitaire sans précédent

Les chiffres que Tom Fletcher découvre sur le terrain donnent le vertige : près de 6 millions de Haïtiens – soit la moitié de notre population – ont besoin d’une aide vitale cette année. Pour nos compatriotes qui vivent cette réalité au quotidien, ces statistiques ont des visages : celui de la voisine qui n’arrive plus à nourrir ses enfants, du père de famille contraint de fuir son quartier, de la jeune fille qui ne peut plus aller à l’école par peur des violences.

L’appel de fonds humanitaire pour Haïti s’élève à 908 millions de dollars. Une somme qui peut paraître énorme, mais qui représente moins que ce que nos compatriotes de la diaspora envoient chaque année en transferts d’argent au pays. Pourtant, la communauté internationale n’a mobilisé que 12% de cette somme. Une indifférence qui interpelle quand on sait que cette aide pourrait littéralement « sauver des vies », selon les mots de Tom Fletcher.

La violence des gangs : une spirale infernale

Durant ses trois jours en Haïti, le responsable onusien va découvrir un pays pris en otage par la violence des gangs. Plus de 1,3 million de personnes – nos mères, nos frères, nos enfants – ont été contraintes de fuir leurs foyers. Imaginez : c’est comme si toute la population de Port-au-Prince devait abandonner sa maison du jour au lendemain.

Les chiffres révélés par l’ONU glacent le sang : entre janvier et juillet 2025, plus de 6 200 incidents ont été signalés. Près de la moitié concernent des viols, dont 62% commis par des groupes armés. Dans cette tragédie, les femmes payent le prix fort, et plus bouleversant encore, une survivante sur sept est une fillette de moins de 18 ans.

La diaspora haïtienne, témoin impuissant

Pour nos compatriotes établis à l’étranger – de Miami à Montréal, de Paris à Boston –, ces nouvelles résonnent douloureusement. Ils regardent, souvent impuissants, leur pays d’origine sombrer dans le chaos. Leurs envois d’argent, leurs appels à leurs proches, leurs manifestations devant les consulats ne semblent pas suffire face à l’ampleur de la catastrophe.

Tom Fletcher rencontrera « des communautés, des intervenants de terrain, des organisations partenaires ainsi que les autorités haïtiennes. » Une tournée qui devrait lui ouvrir les yeux sur la résilience extraordinaire du peuple haïtien, mais aussi sur l’urgence absolue d’agir.

L’insécurité alimentaire : quand manger devient un défi quotidien

Avec 5,7 millions de Haïtiens en situation d’insécurité alimentaire, le pays vit une tragédie silencieuse. Dans nos marchés, les prix flambent. Dans nos quartiers, des familles entières sautent des repas. Cette réalité, nos compatriotes la connaissent bien : qui n’a pas un proche qui lui a confié avoir du mal à mettre un plat chaud sur la table chaque soir ?

Un appel à l’action qui résonnera-t-il ?

« Nous devons nous efforcer de protéger des vies et de redonner espoir », a lancé Tom Fletcher dès son arrivée. Mais au-delà des bonnes paroles, cette visite débouchera-t-elle sur des actes concrets ? Les bailleurs de fonds internationaux entendront-ils enfin le cri de détresse d’un peuple qui refuse de baisser les bras ?

Trois jours, c’est court pour comprendre toute la complexité d’Haïti. Mais peut-être suffisant pour que Tom Fletcher reparte avec la conviction qu’abandonner Haïti, c’est abandonner l’humanité. La question demeure : ses pairs l’écouteront-ils ? Et nous, diaspora et citoyens du monde, continuerons-nous à faire entendre notre voix pour que notre pays ne sombre pas définitivement ?

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