Après un vol test réussi en juin, la compagnie américaine IBC Airways peine à obtenir l’autorisation d’opérer sa liaison entre Les Cayes et Miami. Entre accusations de blocage et justifications techniques, l’AAN et la compagnie se renvoient la balle tandis que les habitants du Sud attendent toujours.
Le rêve d’une liaison directe entre Les Cayes et Miami semble s’enliser dans les méandres administratifs. Alors que la compagnie américaine IBC Airways dénonce un blocage de l’Autorité aéroportuaire nationale (AAN), le directeur général de cette institution, Yves Ducarmel François, rétorque avoir fait preuve d’une coopération exemplaire. Un différend qui illustre les défis persistants du développement du transport aérien en Haïti.
Deux versions qui s’affrontent
D’un côté, Dimitri Fouchard, représentant d’IBC Airways en Haïti, affirme avoir envoyé six correspondances à l’AAN depuis fin mai, toutes restées sans réponse. Sa demande ? Obtenir l’autorisation d’installer des conteneurs à l’aéroport Antoine-Simon des Cayes pour héberger temporairement les services de la compagnie. « Puisque tout l’aéroport est accaparé par une autre compagnie, nous avons demandé à l’AAN de nous autoriser à placer des containers », explique-t-il, manifestement frustré par cette situation.
De l’autre côté, Yves Ducarmel François, invité mercredi à l’émission Panel Magik sur Magik 9, dément catégoriquement toute accusation de blocage. « Nous avons reçu des correspondances de la compagnie IBC Airways, mais nous avons fait bien plus qu’y répondre », assure-t-il d’un ton ferme. Le directeur général de l’AAN affirme même avoir personnellement reçu les responsables de la compagnie dans ses bureaux, « pour leur signifier que nous sommes à leurs côtés pour les opérations ».
Un aéroport en développement
Au cœur du différend se trouve la question des infrastructures temporaires à l’aéroport Antoine-Simon des Cayes. Pour IBC Airways, ces conteneurs représentent la solution pratique permettant de lancer rapidement les opérations commerciales. Pour l’AAN, il s’agit d’une demande qui doit respecter les normes techniques en vigueur.
« C’est un aéroport en cours de développement, on ne peut pas se permettre d’installer des infrastructures temporaires n’importe où », justifie Yves Ducarmel François. Cette position reflète une préoccupation légitime : maintenir les standards de sécurité et de fonctionnalité dans un aéroport qui continue de se moderniser.
Une invitation à la concertation
Selon le directeur général de l’AAN, les derniers contacts officiels avec IBC Airways remontent au 8 juillet dernier. À cette date, l’autorité aéroportuaire aurait invité la compagnie à visiter le site de l’aéroport Antoine-Simon pour « mieux définir les espaces qui leur seront alloués ». Une démarche présentée comme essentielle pour garantir la conformité aux normes.
« Nous sommes dans l’attente d’IBC Airways. Nous sommes disponibles dès demain pour envisager d’adopter les dispositions permettant l’aménagement d’infrastructures temporaires conformes aux normes techniques », déclare Yves Ducarmel François, semblant tendre la main à la compagnie américaine.
Un enjeu économique majeur
Cette liaison Cayes-Miami revêt une importance particulière pour le département du Sud. Pour les opérateurs économiques de la région, elle représente une opportunité de développement commercial direct avec la Floride. Pour les nombreux Haïtiens du Sud établis à Miami, elle signifie des retrouvailles plus faciles avec leur région d’origine.
Le vol test réussi du 12 juin dernier avait suscité de nombreux espoirs. Les habitants des Cayes, habitués aux longs trajets vers Port-au-Prince pour prendre l’avion, voyaient enfin une alternative pratique se dessiner. Mais depuis cette date, le projet semble stagner, victime de ce que certains observateurs qualifient de « bureaucratie paralysante ».
Clarification des rôles
Yves Ducarmel François tient à préciser le rôle exact de l’AAN dans ce dossier : « Nous ne pouvons pas bloquer une compagnie. Nous ne délivrons pas d’autorisation. Nous sommes responsables de l’aménagement des espaces pour faciliter les vols. » Cette clarification souligne que l’AAN n’est pas l’instance chargée de valider les opérations commerciales des compagnies, mais qu’elle doit veiller au respect des normes aéroportuaires.
Alors que les positions semblent figées, il appartient désormais aux deux parties de dépasser leurs différends pour concrétiser ce projet attendu. Car derrière ces querelles administratives, ce sont les espoirs de tout un département qui sont en jeu. Les Cayes méritent-elles d’attendre encore longtemps leur liaison directe avec Miami ?