Boston, 28 mars 2025 – Jean Morose Viliena, ancien maire de la commune des Irois, a été reconnu coupable de fraude de visa par la justice américaine. Un jury fédéral de Boston l’a condamné ce vendredi pour avoir menti sur son implication dans des actes de torture et de persécution afin d’obtenir une carte verte pour résider aux États-Unis.

« Viliena a dissimulé un passé marqué par la violence et la répression pour s’installer sur le sol américain », ont déclaré les procureurs.

Un double verdict accablant

Cette condamnation pénale intervient un jour après qu’un autre jury, dans une affaire civile distincte, a ordonné à Viliena de verser 15,5 millions de dollars à trois Haïtiens l’accusant de persécution et de violence politique.

À 52 ans, Viliena vit désormais aux États-Unis en tant que résident permanent légalChauffeur de camion à Malden, Massachusetts, il avait été inculpé en 2023. Il clame son innocence et a fait appel du jugement civil.

Le juge fédéral F. Dennis Saylor a fixé le prononcé de la peine au 20 juin. L’avocat de l’ex-maire n’a pas réagi aux sollicitations des médias.

Des crimes politiques dissimulés pour obtenir un visa

Selon l’accusation, en 2008, lorsqu’il a demandé un visa américain, Viliena a menti sur son implication dans des meurtres politiques et des actes de torture. Il a certifié qu’il n’avait jamais ordonné, facilité ou exécuté de telles violences.

Or, après son élection comme maire en décembre 2006, Viliena aurait personnellement ordonné et commis des exactions brutales contre ses opposants politiques.

Parmi les victimes figurent David Boniface, Juders Yseme et Nissage Martyr, trois Haïtiens qui ont intenté une action civile contre lui.

Un règne de terreur à Irois

Les faits reprochés à Viliena sont d’une extrême gravité :

  • 2007 : Il aurait dirigé un groupe d’hommes armés jusqu’au domicile de David Boniface, où son frère a été battu et exécuté.
  • 2008 : Il aurait mené une attaque armée contre une station de radio communautaire, où Nissage Martyr et Juders Yseme ont été blessés par balles et violemment battus.

Une justice rendue grâce au Torture Victim Protection Act

La plainte civile déposée en 2017 repose sur le Torture Victim Protection Act, une loi américaine permettant aux victimes d’actes de torture et d’assassinats extrajudiciaires de poursuivre en justice des responsables étrangers lorsque les recours judiciaires dans leur pays sont inexistants ou inefficaces.

« Cette affaire démontre que les États-Unis ne peuvent pas être un refuge pour ceux qui ont commis des crimes contre l’humanité », a déclaré un responsable du ministère de la Justice.

Alors que Viliena attend sa sentence en juin, cette condamnation marque un tournant dans la lutte contre l’impunité des anciens dirigeants accusés de crimes politiques.

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