Du 18 au 22 octobre, la commune de Verrettes dans l’Artibonite a fait face à des attaques féroces des gangs 400 Mawozo et Taliban de Canaan. Mais grâce à la détermination des policiers et de la résistance populaire, la commune refuse de tomber. Un exemple de courage qui inspire tout Haïti.
Alors que La Chapelle, sa commune voisine, est tombée aux mains des bandits, Verrettes continue de tenir bon. Face aux assauts répétés des gangs 400 Mawozo, dirigé par Lanmò san jou, et Taliban de Canaan, sous les ordres de Jeff gwo lwa, la population verrettienne et les forces de l’ordre refusent de baisser les bras. « Vèrèt pap teritwa pèdi » (Verrettes ne sera pas un territoire perdu), scandent-ils avec fierté.
Cinq jours de combat acharné
Du samedi 18 au mercredi 22 octobre 2025, la quatrième section communale de Verrettes, Desarmes, s’est transformée en véritable théâtre d’opérations. Les agents de la Police nationale d’Haïti (PNH) et les volontaires de la résistance populaire ont dû repousser des attaques armées sur plusieurs fronts simultanément.
« Les avancées des criminels sur la Cité de Dumarsais Estimé sont décisives et féroces », a déclaré Ovilmar Sevener, président du Conseil d’administration de la section communale (CASEC). Mais il ajoute avec fierté : « Les policiers et les Verrettiens restent debout. »
Le samedi 18 octobre : double attaque repoussée
La bataille a commencé dès le samedi matin. Les terroristes ont lancé une première offensive contre Desarmes, qui a été repoussée par la PNH et la résistance. Dans l’après-midi, les talibans ont tenté une stratégie plus agressive en se divisant en deux branches pour attaquer simultanément. Une fois de plus, ils ont été refoulés.
Le même jour, l’Hôpital Albert Schweitzer de Deschapelles, le plus grand centre hospitalier du département, a été ciblé. Heureusement, des policiers du SWAT ont réussi à sécuriser les principaux périmètres avoisinants, protégeant ainsi ce centre vital pour toute la région.
Dimanche et lundi : la terreur par le feu
Le dimanche 19 octobre, les gangsters ont utilisé leur tactique favorite : incendier les quartiers. Janvier a été le premier à brûler, suivi quelques heures plus tard de Morisseau. Les criminels ont également tenté de passer par Kristan pour atteindre Desarmes, mais ils ont rencontré une opposition farouche qui les a forcés à se replier.
Entre Liancourt et Desarmes, six autres quartiers refuges de paysans ont subi des invasions : Ti Woche, Makay, Bwa Belanje, Rondo, Tapyon et Titon. De nombreux paysans ont été enlevés dans ces zones.
Le lundi 20 octobre, pendant que les criminels préparaient une nouvelle offensive sur Verrettes, les terroristes du gang Gran grif de Savien installaient leur chef à Liancourt. Connu sous le nom de Kenkenn, « sa mission principale est de dominer Liancourt et d’aider à conquérir Verrettes. » Le soir même, Desarmes a été attaqué sur trois fronts sans être vaincu.
La population se soulève
Le mardi 21 octobre, la scène a de quoi donner des frissons : une foule d’habitants armés de pierres, de bouteilles et de machettes ont bravé tous les dangers pour traquer les Talibans dans les localités en difficulté et les éliminer. Plusieurs membres du gang de Canaan et deux volontaires de la résistance ont perdu la vie dans ces affrontements.
Le mercredi 22 octobre, les forces de police et le groupe d’autodéfense ont investi plusieurs lieux de la région pour traquer les bandits. Selon des sources locales, « la localité de Christan a été récupérée et des bandits ont été touchés mortellement. »
Un bilan contrasté mais encourageant
Sur les 78 localités directement concernées par la bataille de Desarmes, seules 4 sont tombées : Janvier, Moriso, Laflòt et Beke. Un résultat qui témoigne de l’efficacité de la résistance, même si Ovilmar Sevener souhaite « une plus grande intervention policière dans le plus bref délai », car « il y a urgence dans la demeure. »
Ranel Altidort, éducateur et socio-politologue, explique que « depuis trois mois environ, les menaces criminelles ont persisté jusqu’à se transformer en actes. Donc, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées à plusieurs reprises pour dire « Non à la violence », « Non à la terreur », « Non à la barbarie ». »
Des forces de l’ordre déterminées
Emmanuel Pierre, responsable de l’Unité temporaire antigang (UTAG) de Verrettes, affirme que « le moral des policiers est au beau fixe. » Les bandits ont érigé « diverses barricades de taille sur les routes pour piéger les opérations », mais « l’UTAG a prouvé son efficacité avec l’appui des policiers de la Brigade d’intervention motorisée (BIM). »
Le policier reconnaît néanmoins les besoins criants : « Les communes de Liancourt, de Petite-Rivière et de Verrettes ne sont pas minces. Il nous faut beaucoup de renforts de matériels, d’effectifs et de munitions. » Il précise toutefois que « Desarmes est en sécurité et que les policiers sont décidés à garantir la paix des citoyens de la commune. »
Des déplacements forcés malgré la résistance
Les autorités locales constatent des déplacements forcés de nombreuses familles, malgré les succès de la résistance générale. Des scènes déchirantes qui rappellent à tous les Haïtiens, y compris ceux de la diaspora, l’urgence de la situation sécuritaire dans certaines régions du pays.
Verrettes, un symbole de résistance. L’exemple de Verrettes démontre qu’avec de la détermination, une population unie et des forces de l’ordre motivées, il est possible de tenir tête aux gangs armés. L’UTAG, la BIM, le SWAT, le groupe d’autodéfense et toute la population verrettienne ont fait leur cette devise : « Vèrèt pap teritwa pèdi. » Leur courage mérite d’être salué et soutenu par tout le pays. Mais ils ne peuvent pas combattre seuls indéfiniment. Les renforts en personnel, matériel et munitions sont urgents pour consolider ces gains et permettre à Verrettes de rester debout face à la barbarie des gangs.


