Alors qu’Haïti traverse sa plus grave crise sécuritaire, une autre urgence sanitaire menace des milliers de vies : la rupture imminente de stock des médicaments antirétroviraux. Face à l’angoisse des personnes vivant avec le VIH, le conseiller présidentiel Louis Gérald Gilles a organisé une rencontre d’urgence ce mardi. Un signal d’alarme qui révèle les failles du système de santé haïtien.
Dans le tourbillon de violence qui secoue Haïti, une autre bataille silencieuse se livre : celle des personnes vivant avec le VIH/SIDA (PVVIH) qui voient approcher le spectre d’une rupture de leurs traitements vitaux. Ce mardi 27 mai, cette angoisse collective a trouvé un écho au plus haut niveau de l’État avec la rencontre organisée par le conseiller présidentiel Louis Gérald Gilles.
Cette mobilisation institutionnelle, qui a réuni le ministre de l’Économie Alfred Fils Mettelus et le directeur général du ministère de la Santé Gabriel Thimotée, témoigne de la gravité de la situation. Pour les milliers de Haïtiens concernés, tant au pays que dans la diaspora qui soutient leurs proches, c’est une question de vie ou de mort qui se pose.
Une communauté en état d’alerte
L’inquiétude des PVVIH ne date pas d’hier, mais elle s’intensifie dans le contexte actuel de décomposition des services publics. Quand les routes sont coupées par les gangs, quand les hôpitaux peinent à fonctionner, comment garantir l’approvisionnement régulier en médicaments aussi spécialisés que les antirétroviraux ?
Cette préoccupation résonne particulièrement chez les familles haïtiennes éclatées entre le pays et l’étranger. Nombreux sont ceux dans la diaspora qui connaissent l’angoisse de voir un proche dépendre de médicaments dont l’approvisionnement devient incertain. Cette réalité transforme chaque appel au pays en une vérification anxieuse : « As-tu pu avoir tes médicaments ? »
L’État face à ses responsabilités
La présence du ministre de l’Économie à cette rencontre souligne la dimension budgétaire de la crise. Dans un pays où les ressources publiques sont déjà largement sollicitées par la crise sécuritaire, le financement des programmes de santé devient un défi majeur. Comment maintenir les importations de médicaments quand les recettes douanières s’effondrent et que les partenaires internationaux hésitent ?
Le directeur général Gabriel Thimotée, représentant le ministère de la Santé, doit quant à lui gérer une équation complexe : maintenir la continuité des soins dans un système de santé déjà en grande difficulté. Sa présence témoigne de la volonté gouvernementale de traiter cette crise sanitaire avec le sérieux qu’elle mérite.
Le rôle crucial des institutions spécialisées
La participation du Programme national de lutte contre le SIDA (PNLS) et du Centre haïtien pour le renforcement du système de santé (CHARESS) à cette réunion illustre l’approche technique nécessaire pour résoudre cette crise. Ces institutions, souvent méconnues du grand public, jouent un rôle vital dans la chaîne d’approvisionnement et de distribution des traitements.
Pour les PVVIH, ces acronymes représentent bien plus que des sigles administratifs : ils incarnent l’espoir de maintenir l’accès aux traitements qui leur permettent de mener une vie normale. Leur expertise sera déterminante pour identifier les « pistes de solutions à court et à long termes » évoquées par la présidence.
Au-delà de l’urgence, une réflexion systémique
Si cette rencontre répond à une urgence immédiate, elle révèle aussi les fragilités structurelles du système de santé haïtien. Comment un pays peut-il garantir la continuité des traitements chroniques quand ses infrastructures s’effondrent ? Cette question dépasse le cas du VIH et concerne tous les patients dépendant de médicaments importés : diabétiques, hypertendus, épileptiques…
Pour la diaspora haïtienne, cette problématique soulève des interrogations douloureuses sur l’avenir sanitaire du pays. Faut-il envisager des mécanismes d’approvisionnement alternatifs ? Comment les familles à l’étranger peuvent-elles contribuer à sécuriser l’accès aux soins de leurs proches ?
L’urgence d’une mobilisation collective
La discrétion entourant les « plusieurs propositions » issues de cette rencontre laisse espérer que des solutions concrètes sont à l’étude. Mais au-delà des mesures d’urgence, c’est toute la chaîne d’approvisionnement pharmaceutique qui doit être repensée.
Cette crise des antirétroviraux pourrait servir de révélateur et pousser à une réforme plus large du système d’importation et de distribution des médicaments en Haïti. Les PVVIH, par leur mobilisation, montrent la voie à d’autres communautés de patients qui vivent des angoisses similaires.
Dans un pays où tant de priorités s’entrechoquent, la mobilisation autour des antirétroviraux rappelle une vérité fondamentale : derrière chaque crise sectorielle se cachent des vies humaines concrètes. Pour les milliers de PVVIH haïtiens, cette rencontre représente peut-être un tournant. Reste à espérer que les promesses d’aujourd’hui se transformeront en solutions durables demain, car dans cette bataille contre le temps, chaque jour compte.