L’écrivaine haïtienne Yanick Lahens vient de décrocher le prestigieux Grand prix du roman de l’Académie française ce 30 octobre 2025, pour son dernier ouvrage « Passagères de nuit » paru chez Sabine Wespieser. Une distinction obtenue au 3e tour de scrutin par 11 voix contre 10, qui honore la littérature haïtienne sur la scène mondiale.
Un triomphe littéraire arraché de justesse
La compétition était serrée. Face à « Un pont sur la Seine » de Pauline Dreyfus (Grasset) et « Le Crépuscule des hommes » d’Alfred de Montesquiou (Robert Laffont), Yanick Lahens a finalement remporté ce prix majeur au terme d’un vote intense. Avec seulement une voix d’écart, cette victoire témoigne de la force et de la reconnaissance de son écriture auprès des académiciens français.
Pour la diaspora haïtienne et les amoureux de la littérature en Haïti, cette consécration représente bien plus qu’une simple récompense littéraire. C’est la preuve que la créativité haïtienne continue de briller sur la scène internationale, malgré le chaos qui frappe le pays.
« Une bonne nouvelle pour Haïti »
Quelques minutes après l’annonce du prix, Yanick Lahens s’est confiée au rédacteur en chef du Nouvelliste, Frantz Duval, dans une entrevue exclusive. « Cela témoigne de la vitalité de la créativité haïtienne, malgré tout. Nous sommes toujours en urgence d’écrire et en urgence de créer. Et c’est encore la preuve », a-t-elle déclaré, visiblement émue.
L’écrivaine insiste sur l’importance symbolique de cette distinction pour Haïti. « C’est une bonne nouvelle pour Haïti surtout. Parce qu’on ne diffuse pas souvent les bonnes nouvelles d’Haïti. Il en existe, malgré le chaos apparent et qui grandit », a-t-elle souligné avec justesse.
Ces mots résonnent particulièrement pour les Haïtiens du pays et de la diaspora, habitués à voir leur terre natale associée uniquement aux crises, à la violence et aux catastrophes naturelles. Yanick Lahens rappelle qu’Haïti, c’est aussi une culture vivante, une créativité débordante et des talents qui rayonnent bien au-delà de ses frontières.
Une habituée des grandes distinctions
Ce n’est pas la première fois que Yanick Lahens est célébrée par les institutions littéraires françaises. En 2014, elle avait déjà remporté le prestigieux prix Femina pour son roman « Bain de lune ». Cette nouvelle distinction confirme sa place parmi les grandes voix de la littérature francophone contemporaine.
« Passagères de nuit » figurait d’ailleurs dans la première sélection du prix Goncourt cette année avant d’être écarté lors de la publication de la deuxième liste. Mais l’Académie française a su reconnaître la qualité de cette œuvre qui explore, comme souvent chez Lahens, les réalités haïtiennes avec une plume à la fois poétique et incisive.
Écrire par nécessité, pas pour les prix
Interrogée sur ses attentes pour la suite de la saison des prix littéraires, Yanick Lahens est restée fidèle à sa philosophie d’écrivaine. « Je ne pense pas qu’on écrit pour gagner des prix. On écrit parce qu’on a quelque chose d’urgent, très nécessaire et essentiel à dire. Si les autres prix arrivent, je ne cracherai pas dessus. C’est une étape dans ma carrière », a-t-elle confié avec humilité.
Elle a également tenu à rappeler que derrière chaque succès se cache un travail acharné. « Je vais continuer à travailler parce que c’est aussi le prix du travail. Il faut travailler pour arriver là. Il n’y a pas de talent ni de génie spontané », a-t-elle insisté, offrant ainsi une leçon précieuse aux jeunes écrivains haïtiens qui rêvent de suivre ses traces.
Une fierté nationale
Cette victoire de Yanick Lahens arrive à point nommé pour rappeler au monde entier qu’Haïti ne se résume pas à ses difficultés. Le pays continue de produire des artistes, des écrivains et des créateurs de premier plan qui honorent leur patrie sur les plus grandes scènes internationales.
Pour les Haïtiens, qu’ils vivent à Port-au-Prince, au Cap-Haïtien, à Miami, Montréal ou Paris, le nom de Yanick Lahens résonne aujourd’hui avec encore plus de fierté. Dans un contexte où les mauvaises nouvelles se succèdent, cette consécration littéraire offre un rayon de lumière bienvenu et rappelle que la richesse d’un peuple ne se mesure pas seulement à sa situation politique ou économique, mais aussi à sa capacité à créer, à écrire et à faire entendre sa voix. Bravo à Yanick Lahens pour cette magnifique reconnaissance !
