L’arrestation de l’ex-sénateur Nenel Cassy révèle l’ampleur d’un réseau présumé aux ramifications multiples. Entre chèques suspects totalisant des millions de gourdes et accusations d’homicide, la PNH dévoile les détails d’une enquête qui pourrait ébranler le paysage politique haïtien.

Les révélations se succèdent dans l’affaire Nenel Cassy. Lors d’une conférence de presse tenue ce vendredi 8 août, le porte-parole de la Police nationale d’Haïti (PNH), Michel-Ange Louis-Jeune, a levé le voile sur une enquête aux contours troublants qui dépasse largement le cadre d’une simple arrestation politique.

Un trésor de guerre découvert lors des perquisitions

Les perquisitions menées à la résidence privée de Cassy à Pèlerin et à l’hôtel Djoune’s Bar and Grill de Delmas 40B ont permis aux enquêteurs de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) de saisir pas moins de 252 copies de chèques. Ces documents financiers, aux montants vertigineux allant de 54 000 à près de 11 millions de gourdes, révèlent un système complexe impliquant la BNC, des employés bénéficiaires de primes et divers bénéficiaires de subventions.

Pour donner une idée de l’ampleur des sommes en jeu, rien que sur un échantillon de 5 chèques, le total atteint 12,4 millions de gourdes – soit l’équivalent de plusieurs années de salaire minimum pour un travailleur haïtien.

Des accusations lourdes qui dépassent le cadre financier

Au-delà des irrégularités financières présumées, Nenel Cassy fait face à des accusations autrement plus graves : homicide présumé contre l’ex-consul Jacques Pierre Matilus (tué à Delmas 40B en février 2021), affiliation présumée à la coalition criminelle « Viv Ansanm », complicité dans des actes d’assassinat, d’enlèvement et d’association de malfaiteurs.

Cette liste d’accusations illustre parfaitement les liens troubles entre politique et criminalité qui gangrènent Haïti depuis des années, un phénomène que connaissent bien nos compatriotes tant en Haïti que dans la diaspora.

La PNH multiplie les coups de filet

L’affaire Cassy n’est qu’un volet d’une offensive plus large de la police haïtienne. Les forces de l’ordre ont également mis la main sur les jumeaux Patcholo et Pancholito Vagas Djenelus, accusés d’escroquerie via leur fausse agence de voyage « VIP Travel Service ». Ces derniers auraient soutiré 45 000 dollars américains à leurs victimes en promettant des voyages vers le Brésil, le Chili ou le Canada – des destinations prisées par de nombreux Haïtiens cherchant un avenir meilleur.

Des opérations terrain qui portent leurs fruits

Sur le terrain, la PNH intensifie ses opérations. À Kenscoff, les forces spéciales ont repris le contrôle de zones stratégiques à Nan Panyòl et Anba Mòn Teleco, libérant plusieurs tronçons routiers. Au Cap-Haïtien, trois bandits ont été interpellés alors qu’ils tentaient d’établir une base à Limonade.

Ces succès opérationnels, même ponctuels, redonnent un peu d’espoir à une population épuisée par des années d’insécurité grandissante.

Cette série d’arrestations et d’opérations marque-t-elle enfin le début d’une reprise en main effective de l’État haïtien ? Pour nos compatriotes qui subissent quotidiennement les conséquences de l’impunité et de la criminalité, ces développements suscitent un mélange d’espoir et de prudence. Car au-delà des arrestations médiatiques, c’est bien la capacité du système judiciaire à aller au bout de ces enquêtes qui déterminera si nous assistons à un vrai tournant ou à un énième coup d’éclat sans lendemain.

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