Dès leur premier Conseil des ministres, Laurent Saint-Cyr et Alix Didier Fils-Aimé frappent fort en décrétant l’état d’urgence sécuritaire pour trois mois dans les trois départements les plus touchés par l’insécurité. Une mesure d’exception qui témoigne de la gravité de la situation et de la volonté du nouveau leadership de reprendre le contrôle.

Le message est clair : la nouvelle direction politique haïtienne entend agir rapidement face à la crise sécuritaire. Ce vendredi 8 août, lors de leur première réunion officielle à la Villa d’Accueil, le président du Conseil présidentiel de transition Laurent Saint-Cyr et le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé ont adopté des mesures d’urgence qui marquent un tournant dans l’approche gouvernementale.

Trois départements sous régime spécial

L’état d’urgence sécuritaire décrété pour trois mois concerne les départements de l’Ouest, de l’Artibonite et du Centre – soit les zones les plus ravagées par la violence des gangs armés. Cette décision n’est pas anodine : elle cible précisément les territoires où l’État haïtien a le plus perdu de terrain face aux groupes criminels.

Dans l’Ouest, qui abrite la capitale Port-au-Prince, près de 60% du territoire métropolitain échappe au contrôle étatique. L’Artibonite, avec les Gonaïves comme épicentre, subit également les assauts répétés des coalitions de gangs. Quant au Centre, ce département stratégique voit sa situation se dégrader progressivement.

Pour nos compatriotes vivant dans ces zones, cet état d’urgence pourrait signifier des mesures exceptionnelles : couvre-feux renforcés, déploiements militaires spéciaux, ou restrictions de circulation. Pour la diaspora haïtienne, c’est un signal que le gouvernement reconnaît enfin officiellement l’ampleur de la crise.

Un double changement symbolique

Cette première séance de travail a également entériné la nomination de Vladimir Paraison comme directeur général par intérim de la Police nationale d’Haïti (PNH), confirmant le départ de Normil Rameau. Ce changement à la tête de l’institution policière, couplé à l’état d’urgence, illustre la volonté du nouveau leadership de marquer une rupture avec les approches précédentes.

Le timing de ces décisions – prises dès le premier Conseil des ministres du tandem Saint-Cyr/Fils-Aimé – témoigne d’une certaine urgence et d’une volonté d’afficher une gouvernance proactive.

Au-delà de l’urgence sécuritaire

Si les mesures sécuritaires ont dominé cette première réunion gouvernementale, d’autres questions ont également été abordées concernant « l’amélioration des conditions de vie de la population » et le « renforcement de l’autorité de l’État ». Des sujets cruciaux quand on sait que l’insécurité n’est souvent que le symptôme d’une crise plus profonde touchant tous les secteurs de la société haïtienne.

Cet état d’urgence sera-t-il le tournant tant espéré dans la lutte contre l’insécurité ? Ou s’agit-il d’une énième mesure symbolique dans un pays habitué aux déclarations d’intention ? Pour nos frères et sœurs qui vivent l’enfer quotidien dans ces trois départements, et pour nous qui suivons avec angoisse depuis l’étranger, les prochaines semaines seront déterminantes pour juger de l’efficacité réelle de cette nouvelle approche gouvernementale.

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