Bogotá, 10 février 2025 – La Colombie traverse une nouvelle crise politique après la décision inattendue du président Gustavo Petro d’exiger la démission de l’ensemble de son gouvernement. Cette annonce, faite dimanche soir, est survenue à la suite d’une réunion houleuse avec ses ministres, où le chef de l’État a reproché à son cabinet un manque de progrès dans la mise en œuvre des réformes promises.

Un remaniement pour relancer les réformes

Dans un message publié sur X (anciennement Twitter), Gustavo Petro a justifié sa décision par la nécessité d’assurer une meilleure exécution de son programme de réformes sociales :

« J’ai demandé la démission protocolaire des ministres et des directeurs des départements administratifs. Il y aura quelques changements dans le cabinet pour obtenir une plus grande conformité avec le programme ordonné par le peuple. »

Arrivé au pouvoir en 2022 en tant que premier président de gauche de l’histoire de la Colombie, Petro avait promis des réformes ambitieuses en matière de travail, de santé et de retraites. Cependant, plusieurs de ses initiatives ont rencontré des résistances au sein du Congrès et de son propre gouvernement, ce qui l’a conduit à exprimer sa frustration face au manque d’avancées concrètes.

Démissions en cascade

Le premier départ officiel est celui de Susana Muhamad, ministre de l’Environnement, qui a présenté sa démission dimanche, déclarant que la situation était devenue intenable. Peu après, Gloria Ramírez, ministre du Travail, a suivi, annonçant que sa démission était « irrévocable ».

Ces départs viennent s’ajouter à ceux de Jorge Rojas, chef du département administratif de la présidence, et de Juan David Correa, ministre de la Culture, qui avaient quitté leurs fonctions dès mercredi.

Une réunion sous tension et des accusations de sexisme

Un autre point de friction majeur au sein du gouvernement concerne la présence d’Armando Benedetti, ancien ambassadeur en mission spéciale et proche de Gustavo Petro. Benedetti fait l’objet d’une enquête pour des irrégularités dans le financement de la campagne présidentielle et a également été accusé de violences sexistes.

La vice-présidente Francia Márquez et plusieurs ministres ont exprimé leur malaise face à sa présence à la réunion de mardi. Susana Muhamad a dénoncé cet état de fait, déclarant :

« En tant que féministe et en tant que femme, je ne peux pas m’asseoir à la table du cabinet de notre projet progressiste avec Armando Benedetti. »

Malgré ces critiques, Gustavo Petro a choisi de maintenir Benedetti au palais présidentiel, une décision qui a attisé les tensions au sein de son gouvernement et pourrait compliquer davantage la gestion de la crise.

Quel avenir pour le gouvernement Petro ?

Cette vague de démissions risque de fragiliser encore plus un exécutif déjà confronté à de nombreux défis. La recomposition du cabinet pourrait marquer un tournant pour le mandat de Gustavo Petro, alors que l’opposition et certains alliés commencent à exprimer leurs doutes quant à sa capacité à gouverner efficacement.

Avec la COP16 prévue à Cali à la fin de l’année 2024, et des réformes toujours en suspens, la Colombie entre dans une phase d’incertitude politique qui pourrait redéfinir l’avenir du pays d’ici à la fin du mandat de Petro en 2026.

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