L’ex-président sud-coréen Yoon Suk Yeol a été arrêté ce mercredi dans un contexte de tensions politiques exacerbées. Accusé d’avoir tenté d’imposer la loi martiale en décembre dernier, il devient le premier chef d’État sud-coréen en exercice à faire face à une telle mesure.

Une intervention spectaculaire

Dans la matinée du 10 janvier, des agents du Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO) et de la police ont investi la résidence de M. Yoon à Séoul, fortifiée et entourée de milliers de ses partisans. Après des altercations avec des manifestants scandant « Mandat illégal ! », les forces de l’ordre ont escaladé les murs de la propriété pour pénétrer dans les lieux.

Yoon Suk Yeol, suspendu depuis le vote de destitution du Parlement en décembre, a été arrêté à 10h33. Dans une déclaration vidéo, il a affirmé se rendre « pour éviter tout affrontement violent », bien qu’il conteste la légitimité de l’enquête.

Des accusations graves et un contexte tendu

Yoon est accusé de « rébellion », un crime passible de la peine de mort en Corée du Sud. Le 3 décembre, il avait brièvement instauré la loi martiale, invoquant une menace supposée des « forces communistes nord-coréennes ». Cette mesure avait suscité un tollé national et international, rappelant les heures sombres de la dictature militaire dans le pays.

Sous pression, notamment après le vote d’un texte par le Parlement exigeant la levée de cette mesure d’exception, Yoon avait finalement cédé. Cependant, son initiative a laissé des séquelles politiques profondes.

Réactions divisées

L’arrestation de Yoon Suk Yeol a divisé le pays. Park Chan-dae, leader du Parti démocrate, a salué une étape vers le rétablissement de la démocratie : « C’est le premier pas pour restaurer l’ordre constitutionnel. » À l’inverse, les partisans du Parti du pouvoir au peuple (PPP), la formation politique de M. Yoon, dénoncent une « chasse aux sorcières ».

Kweon Seong-dong, porte-parole du PPP, a déclaré : « L’histoire jugera sévèrement cette arrestation politiquement motivée. »

Une crise politique qui secoue l’économie

L’incertitude politique pèse lourdement sur l’économie sud-coréenne, déjà affectée par un ralentissement global. Le président du Parlement, Woo Won-shik, a exhorté les responsables à se concentrer sur la stabilisation du pays. « Nous devons redoubler d’efforts pour restaurer la confiance et garantir les moyens de subsistance des citoyens », a-t-il déclaré.

Un procès à fort enjeu

Le sort de Yoon Suk Yeol repose désormais entre les mains de la Cour constitutionnelle, qui doit statuer sur la validité de sa destitution d’ici juin. Suspendu de ses fonctions, il reste président jusqu’au verdict final, qui pourrait entraîner sa réhabilitation ou provoquer des élections anticipées.

Le procès a débuté mardi avec une première audience, où M. Yoon était absent. La prochaine audience, prévue jeudi, pourrait être décisive pour la suite de cette crise sans précédent dans l’histoire récente de la Corée du Sud.

Avec cette arrestation spectaculaire, la Corée du Sud entre dans une phase critique, où le fragile équilibre entre démocratie et pouvoir exécutif sera mis à l’épreuve.

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