Face à une crise sécuritaire persistante et une récession prolongée, Haïti cherche à poser les bases d’une relance économique. Ronald Gabriel, gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH), plaide pour un agenda monétaire inclusif et une gestion rigoureuse pour renforcer la stabilité macroéconomique et stimuler une croissance durable.
Des progrès notables malgré un contexte difficile
Lors d’un entretien diffusé le 14 janvier 2025, Ronald Gabriel a mis en lumière des avancées significatives :
- Stabilisation du taux de change : Maintien du taux à environ 131 gourdes pour 1 dollar américain depuis plus d’un an, une performance remarquable face aux pressions économiques.
- Réduction de l’inflation : Passée de 49 % en janvier 2023 à 26,6 % en novembre 2024, marquant une décélération importante.
- Réserves de change en hausse : Plus de 1 milliard de dollars américains en réserves nettes, contre seulement 350 millions en 2023.
Ces résultats ont été obtenus grâce à une gestion budgétaire stricte, notamment l’absence de financement direct de l’État par la BRH, une pratique courante par le passé.
Investir dans des secteurs clés
La BRH a injecté 19 milliards de gourdes depuis 2015 dans des secteurs à haute valeur ajoutée, notamment l’agriculture, les infrastructures et les technologies. Selon Ronald Gabriel, ces investissements visent à promouvoir une croissance inclusive et à créer des opportunités économiques durables.
« Une économie inclusive est essentielle pour réduire les inégalités et donner aux jeunes générations des perspectives meilleures », a déclaré le gouverneur.
Cependant, il a reconnu que les troubles sociaux et politiques freinent ces initiatives, soulignant que le pays aurait pu atteindre une stabilité économique relative d’ici 2024 dans un contexte plus apaisé.
Un appel à une politique économique concertée
Ronald Gabriel a appelé à une collaboration accrue entre les institutions publiques et privées pour développer des politiques économiques cohérentes. Il préconise une approche axée sur l’investissement local et l’autonomisation économique des citoyens, afin de redynamiser les secteurs stratégiques et renforcer la résilience nationale.
Le défi sécuritaire : un frein à la relance
Le gouverneur a insisté sur le lien entre sécurité et développement économique. « L’instabilité politique et sécuritaire est le principal obstacle à la reprise », a-t-il affirmé. Il a également souligné que l’incertitude actuelle dissuade les investisseurs locaux et étrangers, aggravant ainsi les difficultés économiques du pays.
Sécurité bancaire et transition numérique
Pour soutenir le secteur financier, la Banque centrale mise sur l’intégration technologique et la formation. Un programme ambitieux a été lancé en partenariat avec plusieurs institutions académiques pour former 150 jeunes professionnels dans les domaines de la cybersécurité et de l’administration bancaire.
« La cybersécurité est un pilier pour garantir la confiance dans notre système bancaire et attirer davantage d’investissements », a souligné M. Gabriel.
Une vision d’avenir optimiste
Malgré les défis, Ronald Gabriel reste confiant. Il estime qu’Haïti dispose des bases nécessaires pour devenir un pôle d’attraction pour les investisseurs une fois les crises surmontées.
« Haïti peut redevenir une terre d’opportunités, où chacun participe à une croissance durable et inclusive. Nous devons persévérer pour construire cet avenir », a-t-il conclu.
Avec cette vision stratégique, la BRH espère non seulement stabiliser l’économie à court terme, mais aussi jeter les bases d’une prospérité durable pour les générations futures.