Alors que le mandat du CPT arrive à expiration, le Forum des Anciens Premiers Ministres propose une « assise nationale inclusive » pour éviter le chaos. Un appel pressant qui résonne comme un cri d’alarme face à l’impasse politique qui se dessine à l’horizon.

Le compte à rebours a commencé. Dans moins de cinq mois, le 7 février 2026, le mandat du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) prendra fin, plongeant potentiellement Haïti dans un nouveau vide institutionnel. Face à cette menace, le Forum des Anciens Premiers Ministres d’Haïti (FAPM) monte au créneau avec une proposition audacieuse : organiser une grande consultation nationale pour éviter la « catastrophe politique » annoncée.

Un diagnostic sans complaisance

Dans leur déclaration du 9 septembre 2025, les anciens chefs de gouvernement dressent un tableau accablant de la situation nationale. Dix-sept mois après sa mise en place, le CPT se trouve dans l’incapacité d’organiser le référendum constitutionnel et les élections générales promis. Le résultat ? Une nation au bord de l’abîme institutionnel.

« Incertitude persistante, chaos sécuritaire qui détruit les familles, instabilité politique, asphyxie économique et sociale » : le constat est brutal mais reflète la réalité vécue par des millions d’Haïtiens. Pour nos compatriotes de la diaspora qui suivent avec angoisse l’évolution de la situation, ces mots résonnent comme un écho douloureux de leurs propres préoccupations pour le pays natal.

L’isolement total d’Haïti

Au tableau déjà sombre s’ajoutent deux éléments particulièrement préoccupants : l’arrêt du transport aérien international depuis plus de quinze mois – conséquence directe des attaques armées sur l’aéroport – et la fermeture prolongée des frontières avec la République dominicaine. Cette double isolation transforme Haïti en île dans l’île, coupée du monde et de ses voisins immédiats.

Ces fermetures ont des répercussions dramatiques sur les familles séparées, les transferts de fonds de la diaspora, et l’économie nationale déjà exsangue. Combien de nos compatriotes n’ont pu revoir leurs proches depuis des mois à cause de cette crise ?

Une solution « made in Haiti »

Face à cette impasse, le FAPM, dirigé par Evans Paul, propose une approche radicalement différente : une « assise nationale inclusive » basée sur l’article 136 de la Constitution. Cette consultation rassemblerait tous les secteurs de la société haïtienne : forces politiques, Églises, secteur privé, jeunes, femmes, société civile, diaspora et paysannerie.

L’objectif est ambitieux mais nécessaire : « adopter un agenda réaliste des Haïtiens pour Haïti », en plaçant la volonté souveraine du peuple au centre des décisions. Une approche qui tranche avec les solutions imposées de l’extérieur et qui ont montré leurs limites après plus de trente ans de missions internationales.

Fini les accords de papier

« Il ne s’agit plus de produire des textes interminables ou des accords sans lendemain », martèle la déclaration. Cette phrase résume à elle seule la frustration de toute une génération de dirigeants qui ont vu se succéder les plans, les accords et les initiatives sans véritable impact sur le terrain.

Le message est clair : il faut sortir de la logique des solutions de façade pour s’attaquer aux vraies causes de la crise. Cela passe par la restauration de la sécurité, la stabilisation de l’économie et le renforcement de l’assistance sociale aux plus vulnérables.

L’heure du sursaut patriotique

L’appel du FAPM dépasse les clivages politiques traditionnels pour toucher à l’essence même de la citoyenneté haïtienne. Il s’agit d’un véritable « sursaut patriotique et citoyen », fondé sur « la solidarité, la discipline collective et une vision commune pour l’avenir ».

Pour nos compatriotes établis à l’étranger, cet appel représente peut-être une occasion unique de contribuer activement à la reconstruction du pays, non plus seulement par les transferts de fonds, mais par une participation directe au processus de refondation nationale.

Une course contre la montre

Le temps presse. Chaque jour qui passe sans action concrète rapproche le pays de l’échéance fatidique du 7 février 2026. Les anciens Premiers ministres le savent : « l’après-7 février 2026 doit être clarifié sans délai ».

Leur proposition d’assise nationale inclusive pourrait-elle être la clé de sortie de crise tant recherchée ? L’avenir d’Haïti dépend peut-être de la capacité des dirigeants actuels à entendre cet appel et à y donner suite. Car comme le souligne si justement le FAPM, il ne s’agit plus de manquer une nouvelle occasion, mais de saisir enfin celle qui pourrait changer le cours de notre histoire commune.

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