Ti Bab et Black, les redoutables chefs du groupe armé de Délugé, ont été éliminés mercredi soir à Montrouis. Mais loin d’apaiser la situation, leur mort a déclenché une spirale de violence qui fait trembler toute la région de Saint-Marc.

L’Artibonite n’en finit plus avec l’insécurité. Mercredi 17 septembre au soir, deux des figures les plus redoutées du banditisme local, Ti Bab et Black, dirigeants du groupe armé de Délugé, ont trouvé la mort à Bois-Neuf, dans la commune de Montrouis. Mais cette victoire apparente contre l’insécurité cache une réalité plus complexe qui inquiète les autorités et terrorise la population.

Une opération trouble aux allures de règlement de comptes

Contrairement aux premières informations, cette élimination ne serait pas le fruit d’une intervention policière classique. Selon une source officielle anonyme, les deux chefs auraient été victimes d’un piège tendu par un groupe rival : la Coalition populaire du bas-Artibonite, qui opère en collaboration avec les forces de l’ordre.

« Une livraison d’armes était programmée ce jour-là pour le groupe de Délugé », révèle cette source. « Au lieu de recevoir la marchandise, Ti Bab et Black ont été abattus par leurs supposés fournisseurs. » Cette méthode rappelle les tactiques utilisées dans d’autres régions d’Haïti, où les rivalités entre gangs sont parfois instrumentalisées par les autorités – une stratégie risquée qui peut rapidement échapper à tout contrôle.

Le commissaire principal Jude Jean Chéry confirme l’intervention dans la zone de Pierre-Payen, précisant que les deux bandits ont été « cernés et stoppés avant toute réplique ». Mais plusieurs heures après les faits, ni les corps ni les armes des victimes n’avaient été récupérés – un détail troublant qui alimente les interrogations.

La vengeance frappe immédiatement

La riposte ne s’est pas fait attendre. Dans la nuit même, les membres survivants du gang de Délugé ont incendié le commissariat de Montrouis, envoyant un message clair : la mort de leurs leaders ne signifie pas la fin de leurs activités. Ce type de représailles, malheureusement familier aux Haïtiens qui ont vécu les épisodes de violence à Port-au-Prince ou dans d’autres départements, illustre à quel point la situation reste explosive.

Pour les Haïtiens de la diaspora qui suivent avec inquiétude les événements dans leur pays natal, cette escalade rappelle douloureusement les cycles de violence qui ont marqué l’histoire récente d’Haïti, où chaque victoire contre l’insécurité semble générer de nouveaux défis.

Saint-Marc dans l’œil du cyclone

Aujourd’hui, c’est toute la ville de Saint-Marc qui vit dans l’angoisse. Le commandant de l’arrondissement ne cache pas son inquiétude : « Le gang de Délugé se prépare à envahir le centre-ville. Nous avons été alertés. Nous les attendons correctement », déclare-t-il tout en réclamant des renforts de Port-au-Prince.

Les quartiers de Frécyneau et Mac-Donald, à l’entrée sud de Saint-Marc, sont particulièrement tendus. Élysée Blaise, président de la Commission exécutive intérimaire de Montrouis, résume la situation avec des mots qui font écho aux préoccupations de nombreuses familles haïtiennes : « La situation est vraiment critique. Rien ne fonctionne aujourd’hui. »

L’Artibonite, miroir des défis sécuritaires d’Haïti

Cette nouvelle flambée de violence dans l’Artibonite illustre les défis énormes auxquels fait face Haïti dans sa lutte contre l’insécurité. Alors que l’attention internationale se concentre souvent sur Port-au-Prince, les départements périphériques vivent leurs propres drames, avec des populations prises en otage par des groupes armés de plus en plus audacieux.

Pour les Haïtiens, qu’ils vivent dans le pays ou à l’étranger, cette situation soulève une question cruciale : comment briser ce cercle vicieux où chaque victoire contre la criminalité semble alimenter une nouvelle spirale de violence ? La réponse à Saint-Marc pourrait bien donner le ton pour l’avenir sécuritaire de toute la région de l’Artibonite.

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