Une guerre technologique fait rage dans les rues de Port-au-Prince. Depuis mars 2025, les autorités haïtiennes utilisent des drones pour frapper les repaires des gangs, avec des résultats spectaculaires : plus de 250 morts dans les rangs criminels, sans victime civile recensée. Le RNDDH salue cette stratégie qui bouscule l’équilibre des forces.

La révolution est en marche dans la lutte anti-gang. Fini le temps où les forces de l’ordre subissaient passivement les assauts des criminels. Depuis trois mois, une arme redoutable fait trembler les chefs de gang dans leurs bastions : les drones kamikazes. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Pierre Espérance, coordonnateur du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), ne cache pas sa satisfaction face aux résultats de cette nouvelle stratégie gouvernementale. Son organisation, connue pour son travail de terrain dans les quartiers les plus dangereux, livre un bilan qui fait froid dans le dos aux criminels.

Un carnage technologique dans les repaires

Les statistiques révélées par le RNDDH sont édifiantes : plus de 250 bandits éliminés uniquement par les frappes de drones dans la région métropolitaine, auxquels s’ajoutent plus de 300 autres grièvement blessés. Et ce décompte macabre ne tient même pas compte des pertes infligées lors des opérations terrestres des unités spécialisées ou par les groupes d’autodéfense.

Les zones d’opération révèlent la stratégie gouvernementale : Grand Ravine, Village de Dieu, Krazé Barrière, Chen Méchan… Autant de noms qui faisaient trembler la population et qui deviennent désormais les cimetières de ceux qui semaient la terreur.

À Martissant et Torcel, théâtres d’opérations séparées, plus de cinquante bandits ont péri. La pression est telle que même Vittelhomme Innocent, l’un des chefs de gang redoutés, a pris la fuite vers une autre région. Un symbole fort de cette déroute criminelle.

La technologie au service de la précision

L’évolution technologique de ces engins de mort fascine autant qu’elle inquiète. Pierre Espérance note l’arrivée de nouveaux drones « silencieux avant leur explosion », une caractéristique qui décuple leur efficacité. Ces équipements de nouvelle génération ont semé la dévastation à Village de Dieu et Krazé Barrière en début de semaine.

Pour nos compatriotes qui suivent l’actualité depuis l’étranger, cette révolution technologique rappelle les conflits modernes au Moyen-Orient ou en Ukraine. Haïti entre ainsi dans une nouvelle ère de la guerre urbaine, avec des moyens qui auraient été impensables il y a encore quelques années.

« Yo pa gen chwa, yo dwe depoze zam yo »

Le message de Pierre Espérance aux gangs est sans équivoque : ils n’ont qu’une seule option, déposer les armes. « Les bandits ont subi de lourdes pertes et ne disposent plus de grande quantité d’armes et de munitions », affirme-t-il. Une analyse qui fait écho aux témoignages de résidents qui décrivent des gangs affaiblis, moins agressifs qu’auparavant.

Mais le coordonnateur du RNDDH se montre inflexible : « Les terroristes seront tués s’ils envisagent de continuer à perpétrer des exactions et à violer les droits humains. » Des mots durs qui reflètent l’exaspération d’une population épuisée par des années de violence.

Un succès qui interroge sur la coordination

Malgré les résultats probants, Pierre Espérance plaide pour une meilleure coordination entre la Task force gouvernementale et les commandements de la Police nationale (PNH) et des Forces armées d’Haïti (FAd’H). Cette Task force, supervisée par le CPT et la Primature, opère actuellement de manière relativement autonome.

Les organismes de défense des droits humains, tout en saluant l’efficacité des opérations, plaident pour que les commandements traditionnels reprennent le contrôle de ces opérations de drones. Une précaution pour éviter d’éventuelles dérives dans l’usage de cette technologie.

Zéro dommage collatéral : un exploit remarquable

L’aspect le plus rassurant de cette campagne reste l’absence totale de victimes civiles recensées. En trois mois d’opérations intensives, aucun cas de dommage collatéral n’a été signalé selon le RNDDH. Un exploit remarquable qui tranche avec les bavures souvent associées aux opérations militaires dans les zones densément peuplées.


Cette guerre des drones marque un tournant dans la lutte contre l’insécurité en Haïti. Pour la première fois depuis longtemps, les gangs subissent plus de pertes qu’ils n’en infligent. Mais cette victoire technologique suffira-t-elle à reconquérir durablement les territoires perdus ? Et surtout, cette stratégie de force peut-elle s’accompagner d’un vrai projet de reconstruction sociale ? L’avenir nous le dira, mais pour l’instant, beaucoup d’Haïtiens respirent enfin un peu mieux.

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