Port-au-Prince, 28 janvier 2025 – Dans une lettre adressée au Secrétaire d’État américain Marco Rubio, les responsables du parti EDE ainsi que les signataires de l’accord du 21 décembre ont officiellement demandé l’inscription du groupe criminel « Viv Ansanm » sur la liste des organisations terroristes.
Selon eux, cette reconnaissance par les États-Unis permettrait de lutter plus efficacement contre les gangs, qui contrôlent aujourd’hui 85 % de la région métropolitaine de Port-au-Prince et une partie du département de l’Artibonite. D’après un rapport des Nations Unies, ces groupes armés sont responsables de 5 600 assassinats en 2024 et du déplacement de plus d’un million d’Haïtiens.
Un danger pour la sécurité régionale
Les signataires de la lettre insistent sur la dimension transnationale des activités de « Viv Ansanm », qui bénéficierait de réseaux internationaux d’approvisionnement en armes et munitions. Ils rappellent également que ces gangs ont menacé la sécurité aérienne en tirant sur des avions commerciaux américains en 2023 et 2024.
« Les activités des gangs portent préjudice non seulement aux Haïtiens, mais à la sécurité de toute la région », écrivent-ils.
Pour ces acteurs politiques, l’inscription de « Viv Ansanm » comme organisation terroriste en vertu du USA Patriot Act de 2001 permettrait aux États-Unis d’adopter des sanctions financières ciblées, d’interdire le soutien matériel aux gangs et de renforcer la coopération internationale pour démanteler leurs réseaux.
« Cette reconnaissance aiderait aussi à freiner l’exode massif des Haïtiens fuyant la violence »,soulignent-ils.
Critiques contre la gouvernance actuelle
Dans leur correspondance, EDE et les signataires du 21 décembre pointent aussi du doigt la mauvaise gestion du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), qu’ils accusent de corruption et de clientélisme politique.
« Avec une gouvernance marquée par des scandales et un manque de transparence, la confiance nécessaire à la tenue d’élections crédibles n’est pas au rendez-vous », dénoncent-ils.
Ils proposent ainsi trois scénarios de réforme pour rétablir la confiance du peuple haïtien et préparer des élections démocratiques.
Un plaidoyer plus large auprès des États-Unis
Outre la question sécuritaire, la lettre insiste sur deux autres sujets majeurs :
- La sauvegarde de la loi Hope/Help, qui soutient le secteur de la sous-traitance en Haïti.
- Le maintien du programme « Humanitarian Parole » pour les Haïtiens aux États-Unis, afin d’éviter leur retour dans un pays en pleine crise.
Cette initiative intervient alors que EDE et le 21 décembre tentent de redorer leur image, après la polémique créée par Liné Balthazar lors d’une interview à Magik9.
La lettre a été signée par Claude Edouard, Claude Joseph et Jean Sherlin Mesadieu pour EDE, ainsi que Pascal Adrien et André Michel pour l’accord du 21 décembre.