Une mesure choc pour priver les criminels de millions de dollars

Le ministre des Finances, Alfred Metellus, a annoncé le 27 avril 2025 l’interdiction du transit de marchandises via la République dominicaine pour priver les gangs de 60 à 75 millions de dollars par an. Une décision qui vise à limiter leur accès aux armes et à protéger Haïti, mais qui soulève des questions.

Un coup dur contre le financement des gangs
Dans une interview accordée au Nouvelliste le 27 avril 2025, Alfred Metellus, ministre de l’Économie et des Finances, a dévoilé une mesure radicale : l’interdiction du transit de marchandises via la République dominicaine. Objectif ? Couper les vivres aux gangs qui extorquent 60 à 75 millions de dollars par an en rançonnant les conteneurs, à raison de 2 000 USD par conteneur pour un volume mensuel de 3 000 unités. « Ces ressources leur permettent d’acheter des armes, des munitions et de recruter des jeunes », explique Metellus, déterminé à « casser ce flux » qui rend les gangs autonomes.

Cette décision intervient alors que les gangs, qui contrôlent des routes clés comme celles de Malpasse et Belladère après la prise de Mirebalais, étendent leur emprise. À Port-de-Paix ou à Miami, où la diaspora suit la crise avec inquiétude, cette mesure est vue comme un effort pour reprendre le contrôle, même si beaucoup s’interrogent sur ses impacts.

Une frontière poreuse et des ports sous pression
Metellus a reconnu les failles dans le contrôle douanier, facilitant le passage d’armes et de munitions. « La porosité de la frontière est un problème, et le contrôle des conteneurs n’est pas optimal », admet-il. Des saisies d’armes en République dominicaine, entre février et mars 2025, ont d’ailleurs confirmé les liens entre les gangs haïtiens et les trafiquants transfrontaliers. Au Cap-Haïtien, où le port doit être modernisé pour mieux gérer les flux, cette réalité rappelle les défis logistiques d’Haïti.

Cependant, le ministre assure que les ports haïtiens – Port-au-Prince, Tevassa, Carrefour et Lafito – peuvent absorber le volume de conteneurs, même s’il doublait. « À Port-au-Prince, le flux a baissé de 30 à 40 %, la capacité est là », insiste-t-il. Mais un défi persiste : sortir les conteneurs des ports pour les acheminer vers les entreprises, un parcours souvent bloqué par les gangs.

Le commerce avec la République dominicaine préservé ?
Metellus tient à clarifier : « Le commerce avec la République dominicaine n’est pas interdit, seule l’interdiction du transit est visée. » Il appelle le gouvernement dominicain à soutenir cette initiative, qui pourrait bénéficier aux deux pays en réduisant le trafic illégal. À Jacmel ou à Montréal, où la diaspora dépend souvent des produits dominicains pour les transferts vers Haïti, cette nuance est cruciale pour éviter une rupture commerciale.

Un pari risqué pour la sécurité
En ciblant les ressources des gangs, Haïti cherche à briser leur mainmise sur l’économie et la société. Mais cette mesure, bien que nécessaire, devra s’accompagner d’un renforcement des forces de sécurité et des infrastructures portuaires pour être efficace. À nous, Haïtiens d’ici et de la diaspora, de suivre cette stratégie et de réfléchir : comment équilibrer sécurité et commerce pour un avenir plus stable ? Votre avis compte !

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