Le ministère du Tourisme lance une stratégie ambitieuse pour transformer la perception d’Haïti à travers la création de contenu positif. Une initiative qui mobilise la jeunesse et la diaspora pour raconter autrement l’histoire du pays, au-delà des clichés et de l’insécurité.
Le samedi 27 septembre 2025, jour de la Journée mondiale du tourisme, le ministre haïtien du Tourisme, John Herrick Dessources, a officialisé à Pétion-ville le lancement du projet « Nouveau Narratif ». Développé en partenariat avec Banj Media et initié depuis février dernier, ce programme vise à reconstruire l’image d’Haïti sur la scène nationale et internationale. L’objectif ? Montrer un visage différent du pays, loin des titres alarmistes qui dominent trop souvent l’actualité.
Vendre Haïti autrement : au-delà des plages et des monuments
Pour le ministre Dessources, il ne s’agit plus simplement de promouvoir les plages de sable blanc ou les sites historiques emblématiques comme la Citadelle Laferrière. L’enjeu est plus profond : déconstruire les stéréotypes tenaces qui enferment Haïti dans une spirale de perceptions négatives.
« Chacun de nous a un rôle à jouer pour montrer une autre facette d’Haïti », a-t-il déclaré devant un parterre de journalistes, photographes, artistes, blogueurs et créateurs de contenu. Le message est clair : il faut raconter Haïti avec authenticité, en valorisant sa diversité culturelle, ses espaces publics, son patrimoine, mais aussi la résilience et la créativité de son peuple.
Le tourisme durable passe aussi par les mots
John Herrick Dessources a tenu à rappeler que le tourisme durable ne se limite pas aux infrastructures. Certes, les hôtels, les aéroports et les routes sont essentiels, mais la manière dont on parle du pays compte tout autant.
« Le tourisme durable, c’est aussi la façon dont nous parlons du pays et dont nous le montrons », a-t-il souligné. En d’autres termes, changer l’image d’Haïti commence par changer le discours. Et pour cela, le ministre mise sur une « propagande positive » capable de contrebalancer les récits dominants axés sur la violence et la crise politique.
Il reconnaît la présence de groupes armés dans certaines zones, mais insiste : cela ne doit pas éclipser les richesses du pays. « Haïti possède de belles plages, une diversité culturelle exceptionnelle, et des membres de la diaspora viennent encore les fréquenter, notamment au Cap-Haïtien », rappelle-t-il.
La jeunesse haïtienne, fer de lance du changement
Le « Nouveau Narratif » repose en grande partie sur l’engagement de la jeunesse haïtienne, particulièrement active sur les réseaux sociaux. Influenceurs, TikTokeurs, vidéastes, blogueurs : tous sont invités à transformer leurs plateformes en vitrines positives pour le pays.
« Je crois en la jeunesse pour redéfinir la manière dont le monde nous perçoit », a affirmé le ministre. Cette génération connectée, créative et souvent bilingue, a le pouvoir de toucher des millions de personnes à travers le monde. Que ce soit depuis Port-au-Prince, Miami, Montréal ou Paris, les Haïtiens peuvent participer à ce mouvement et contribuer à modifier le regard porté sur leur terre natale.
Un plan d’action sur six mois
Au-delà des discours, le ministère du Tourisme prévoit d’élaborer un plan d’action concret pour les six prochains mois. Campagnes de communication, productions médiatiques, activités de terrain : tout sera mis en œuvre pour valoriser les atouts d’Haïti et construire une dynamique collective.
L’ambition est grande, mais le défi l’est tout autant. Car si le « Nouveau Narratif » peut changer les perceptions, il ne pourra à lui seul résoudre les problèmes de sécurité qui paralysent le secteur touristique. La réouverture de l’aéroport Toussaint Louverture aux vols internationaux et la sécurisation des axes routiers restent des conditions indispensables pour accueillir les visiteurs en toute quiétude.
Et vous, êtes-vous prêts à raconter votre Haïti ?
« Haïti mérite que l’on parle d’elle autrement, que l’on montre ce qu’elle a de beau et de grand », a conclu John Herrick Dessources. Changer le narratif ne signifie pas nier les difficultés, mais choisir de mettre en lumière ce qui inspire, ce qui unit, ce qui élève.
Le « Nouveau Narratif » sera-t-il suffisant pour transformer l’image d’Haïti ? Seul l’avenir le dira. Mais une chose est sûre : si chaque Haïtien, ici et à l’étranger, décide de partager une photo, une histoire, un témoignage positif sur son pays, le changement devient possible. Car au fond, qui mieux que nous peut raconter Haïti ?