Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a rendu hommage aux policiers morts en service lors d’une cérémonie émouvante à Clercine, samedi 4 octobre. Entre discours, kits scolaires et promesses, l’État haïtien tente de montrer qu’il n’oublie pas ceux qui ont payé le prix ultime pour la sécurité du pays.

Un hommage chargé d’émotion et de symboles

C’est dans l’enceinte de la direction générale de la Police nationale d’Haïti (PNH) à Clercine que le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé s’est rendu ce samedi 4 octobre pour une cérémonie particulière. Entouré de membres du gouvernement, de hauts gradés de la police et surtout des familles endeuillées, le chef du gouvernement a voulu marquer le coup : les policiers tombés au combat ne seront pas oubliés.

Accompagné de Me Axène Joseph, son chef de cabinet, et du directeur général a.i. de la PNH, Jonas André Vladimir Paraison, Fils-Aimé a personnellement remis des fournitures scolaires aux enfants des agents décédés. Un geste symbolique fort, à quelques semaines de la rentrée des classes 2025-2026.

Au total, 140 familles ont reçu 220 kits scolaires, assortis d’une aide financière. Pour beaucoup de ces veuves et orphelins, c’est un soulagement bienvenu dans un contexte où joindre les deux bouts relève souvent du parcours du combattant.

« L’État ne peut pas tourner le dos »

Dans son allocution, le Premier ministre n’a pas mâché ses mots. « Le gouvernement n’oubliera jamais le sacrifice de ces braves policiers. L’État ne peut pas demander à ses fils de protéger le pays et tourner le dos à leurs familles lorsqu’ils tombent. Je m’y engage personnellement », a-t-il déclaré avec fermeté, selon un communiqué de la Primature.

Alix Didier Fils-Aimé, lui-même père de famille, a insisté sur l’importance de l’éducation comme héritage. « L’éducation est la plus belle façon d’honorer la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour la paix », a-t-il martelé. Pour lui, permettre aux enfants des policiers décédés de poursuivre leurs études, c’est continuer le combat de leurs parents pour bâtir un Haïti meilleur.

« Les enfants de nos héros doivent pouvoir rêver, apprendre et grandir dans la dignité. Leur avenir est une promesse que la République doit tenir », a-t-il ajouté, touchant ainsi une corde sensible chez de nombreux Haïtiens, qu’ils vivent à Port-au-Prince, aux Gonaïves ou à Brooklyn.

Un appel à l’unité face à l’insécurité

Au-delà de l’hommage, le Premier ministre a saisi l’occasion pour lancer un vibrant appel à l’unité nationale. Dans un pays où l’insécurité gangrène le quotidien et où les gangs semblent dicter leur loi dans plusieurs zones, Fils-Aimé a rappelé que la lutte ne se limite pas aux armes.

« La lutte contre l’insécurité ne se résume pas aux armes, c’est une question de justice et de solidarité. Unissons nos forces pour construire un avenir meilleur pour chaque Haïtien », a-t-il plaidé. Un message qui résonne particulièrement auprès de la diaspora haïtienne, souvent spectatrice impuissante du chaos qui secoue le pays natal.

La PNH salue, mais attend du concret

Du côté de la Police nationale, l’initiative a été bien accueillie. Le directeur général Jonas André Vladimir Paraison a salué ce qu’il considère comme « un premier pas concret vers une politique durable de soutien aux familles des policiers victimes ».

Toutefois, il a aussi lancé un appel implicite à la pérennisation de telles actions. « Ce geste marque le début d’un engagement soutenu de l’État en faveur des enfants et parents de nos héros tombés au champ d’honneur. Ils ne seront jamais oubliés », a indiqué la PNH dans une note de presse.

Car c’est bien là tout l’enjeu : transformer ce geste ponctuel en un véritable programme durable. Combien de fois n’a-t-on pas vu des promesses s’envoler avec les gouvernements successifs ? Les familles des policiers tombés, elles, attendent des actes concrets et pérennes.

Entre espoir et scepticisme

Pour l’heure, la Primature assure que cette initiative s’inscrit dans le plan de soutien socio-économique du gouvernement et dans sa volonté de « bâtir une Haïti plus juste, plus sûre et plus humaine ». Des mots qui sonnent bien, mais que beaucoup d’Haïtiens – ici comme ailleurs – accueillent avec un mélange d’espoir et de scepticisme.

Ce geste du Premier ministre, aussi symbolique soit-il, pose une question cruciale : l’État haïtien saura-t-il enfin honorer durablement ceux qui tombent pour défendre la nation ? Pour les familles endeuillées, l’heure n’est plus aux belles paroles, mais aux engagements tenus. Et vous, qu’en pensez-vous ? L’État fait-il assez pour soutenir ses héros et leurs proches ?

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