Face à la détresse de milliers d’Haïtiens contraints de fuir leurs quartiers à cause de la violence des gangs, le Conseil présidentiel de transition multiplie les initiatives. Après une rencontre cruciale avec les responsables de camps, des mesures concrètes se dessinent enfin pour soulager la souffrance de nos compatriotes déplacés.

Trois ans. C’est le temps que certains de nos compatriotes passent désormais dans des camps de fortune, loin de chez eux, victimes d’une insécurité qui ne cesse de gangrener la capitale. Vendredi 13 juin, une lueur d’espoir s’est allumée quand Louis Gérald Gilles et les membres du Conseil présidentiel de transition (CPT) ont tendu la main aux responsables des camps de déplacés internes de la région métropolitaine.

Un dialogue enfin ouvert avec les oubliés de la crise

« Aujourd’hui, nous avons été entendus », a soupiré de soulagement Dossous Edwison, président de Cité Mormon, qui regroupe neuf sites de déplacés. Ses mots résonnent comme un écho à la frustration de milliers d’Haïtiennes et d’Haïtiens qui, depuis trop longtemps, criaient dans le vide.

Cette rencontre, organisée à l’initiative du conseiller présidentiel Louis Gérald Gilles, a réuni plusieurs figures du gouvernement, notamment la ministre à la Condition féminine Pedrica Saint-Jean et la directrice générale du ministère des Affaires sociales. Un signal fort qui montre que la question des déplacés remonte enfin au plus haut niveau de l’État.

Des chiffres qui parlent : l’ampleur de la solidarité déjà déployée

Le directeur général du Fonds d’assistance économique et sociale (FAES), Serge Gabriel Colin, a dévoilé des statistiques impressionnantes. Depuis le 26 mars, son institution distribue quotidiennement de l’aide dans plusieurs sites de Delmas, Bas Lalue et Bourdon : 671 420 plats chauds servis, 17 908 kits alimentaires distribués, et 8 784 gallons d’eau acheminés vers les camps.

Ces chiffres, aussi importants soient-ils, ne suffisent pas. C’est pourquoi le FAES intensifie ses efforts. Dès le 14 juin, trois nouveaux restaurants communautaires ouvriront leurs portes sur les sites annexes de Bourdon, notamment à l’École nationale République de Colombie, pour nourrir gratuitement 7 283 personnes par jour.

L’ambition ne s’arrête pas là. Le 21 juin marquera une étape décisive avec l’ouverture de quinze restaurants sur les deux plus grands sites de Bourdon – OPC et KID. Chaque établissement servira environ 1 000 plats quotidiens, au bénéfice de 14 764 déplacés, selon les données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Les femmes et les filles : priorité absolue

Au cœur de cette crise humanitaire, les femmes et les jeunes filles paient le prix le plus lourd. La ministre Pedrica Saint-Jean n’a pas mâché ses mots : « Trop de femmes sont victimes de violences sexuelles, trop de jeunes filles vivent dans l’angoisse. »

Cette réalité tragique rappelle que nos mères, nos sœurs et nos filles déplacées font face à des dangers multiples. Loin de leurs foyers, elles deviennent des proies faciles dans des espaces où la protection reste insuffisante. La ministre a plaidé pour un renforcement urgent des dispositifs de sécurité dans les camps.

Une vision à long terme : reconstruction et dignité

Le conseiller-président Louis Gérald Gilles a esquissé une approche plus large de la problématique. Au-delà de l’aide d’urgence, le CPT envisage de lancer des transferts monétaires directs pour les déplacés vivant dans d’autres régions du pays. Une mesure qui pourrait s’avérer cruciale pour nos compatriotes dispersés à travers le territoire national.

L’ancien président du conseil présidentiel Leslie Voltaire a, quant à lui, insisté sur un principe fondamental : « Nous ne les renverrons pas chez eux dans la misère. » Sa promesse de reconstruire des zones comme Solino témoigne d’une volonté de ne pas reproduire les erreurs du passé.

Un engagement qui doit tenir ses promesses

Le conseiller présidentiel Smitt Augustin a assuré que ces rencontres se poursuivront de manière permanente. Une promesse essentielle, car la coordination entre les différents acteurs reste le nerf de la guerre dans la gestion de cette crise humanitaire.

Pourtant, au-delà des annonces et des promesses, c’est sur le terrain que nos compatriotes jugeront de l’efficacité de ces mesures. Combien de temps encore devront-ils attendre avant de retrouver une vie digne ? Combien de familles supplémentaires rejoindront ces camps avant que la sécurité ne soit rétablie dans nos quartiers ?

Les initiatives du CPT méritent d’être saluées, mais elles ne représentent qu’un début. La vraie mesure du succès se lira dans les visages de nos compatriotes qui pourront enfin rentrer chez eux, la tête haute et le cœur en paix.

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